MARAIS POITEVIN – BENET : 873 contraints à abjurer leur foi.
873, c’est le nombre de conversions au catholicisme enregistrées en 1681 et 1682 par la paroisse de Benet (Vendée). Ils portent souvent pour prénoms Pierre, Louis, Louise, Marie, des prénoms habituels. Mais aussi, bien souvent, ils s’appellent Isaac, Abraham, Elizabeth, Suzanne, Isaïe, Daniel, Simon, Sarah ou Judith, affirmant ainsi leur attachement aux personnages bibliques et leur adhésion à la foi protestante.
Leurs noms s’étalent, consciencieusement rangés, sur 17 pages. On y retrouve des familles toujours présentes à l’heure actuelle sur notre territoire : Dazelle, Cramois, Pouvreau, Thébaud, Bobin, Rousseau, Nouzille, Pillier, Soulisse et tant d’autres, même si l’orthographe en a parfois été légèrement modifiée.
Ce sont des gens humbles, tisserands, laboureurs, voituriers, fileuses de laine, journaliers, maréchaux, marchands, tailleurs d’habits . . ., des familles entières ou bien des veuves ou veufs avec ou sans enfants, des adolescents aussi. L’âge de ces nouveaux convertis va de 15 jours, pour le petit François Soulisse, à 86 ans pour le plus âgé, Jean Girardin.
Tous ces noms, on peut les lire sur ce registre portant le sceau de la Bibliothèque Royale :
On pourrait se demander quel événement, quel miracle peut-être, avait pu engendrer un enthousiasme tel que tant de gens se seraient précipités pour renier leur appartenance à l’Eglise Réformée.
Il n’y a pas eu de miracle. Aucun enthousiasme non plus dans ces conversions. Toutes sont dues à la politique despotique de Louis XIV vis à vis de la Religion Réformée.
La religion réformée s’est développée dans notre territoire à partir de Niort (79), Fontenay le Comte (85) et Maillezais (85) dès le 16ème siècle. Toute la seconde partie du 16ème siècle est ensuite marquée par des affrontements entre Catholiques et Protestants.
A Benet, selon la tradition orale, en 1574, un combat sanglant aurait causé la mort de 2000 hommes qui furent enterrés dans une fosse commune chemin de la Grand’Fosse.
Au 17ème siècle, la politique restrictive puis hostile de Louis XIV conduit à la fermeture de la plupart des lieux de culte en 1665. A Benet, le culte réformé est interdit le 16 août 1665 et le temple est rasé en 1666.
Le culte protestant semble se poursuivre à Niort où l’Eglise Réformée célèbre des mariages, comme en attestent celui de Philippe Ripault et Louise Pillier le 8 avril 1674 ou celui de son frère François Pillier et de Jeanne Bouhier le 14 juin 1676.
