Jour: 21 décembre 2023

BESSINES : Merci à l’animateur musical Gérard Favriou

Publié le

Après 38 ans d’animation musicale, le chef de chœur bessinois, Gérard Favriou, a rangé sa baguette, son clavier, ses partitions, ses caprices, ses colères, ses joies, …, et confié à d’autres chefs de chœur la pérennité de son œuvre. Ses anciens « élèves » choristes l’ont vivement remercié lors d’une journée mémorable à Bessines (Deux-Sèvres).

« Tu vois GG, on est tous là, pour l’amitié, l’amour, la joie. On va chanter, tu nous diras d’recommencer, même si on n’a pas foiré », ont entonné en chœur, sur l’air « des retrouvailles », plus de deux cents anciens « élèves » choristes, présents dans la salle de La Grange à Bessines, tous dirigés à un moment ou un autre par Gérard Favriou.

Sur scène et dans la salle de La Grange à Bessines, près de 200 anciens et actuels choristes ont remercié en chanson « leur » chef de chœur Gérard Favriou. Photo Gilles PETIT

Né en 1939, Gérard Favriou est instituteur dès 1972 à l’école élémentaire de Bessines. Jusqu’à sa retraite en 1994, il communiquera aux élèves sa passion pour la musique, en général, et le chant, en particulier, ainsi que l’expression et le mouvement. Auparavant, le public a pu découvrir ses talents à multiples occasions. Déjà en 1966, il crée l’orchestre Paul Nord, « l’orchestre qui chauffe », avec MM. Jean-Jacques Assailly et Lucien Rossard. Orchestre qui s’est appelé ensuite François-Vallier. « Nous étions sept musiciens et chanteurs. On apprenait les tubes du moment à l’oreille », se souvient M. Favriou. De 1966 à 1972, ils ont animé 389 bals, bénévolement.

Photo Gilles PETIT

En 1977, l’orchestre est entré dans le giron de l’association Bessines-Animation jusqu’en 1984. Huit musiciens ont assuré 71 soirées pour les associations locales, les fêtes d’école, les Sociétés d’Éducation Permanente des bourgs voisins, le foyer rural de Gèdre dans les Pyrénées, les bals masqués de Bessines de 1981 à 1984. Cette même année 1977, il dirige une chorale et un groupe de flûtistes à l’attention des jeunes et des adultes.

L’orchestre François-Vallier fondé par Gérard Favriou  Document article C.O.

C’est en 1984 que Gérard Favriou débute vraiment une carrière d’animateur musical lors du regroupement des chorales adultes des communes de Coulon et de Bessines, sous le nom « Chant’ et Rêve ». Un important groupe vocal de 80 personnes accompagné par cinq musiciens qui adhèrera à la structure nationale Chanson contemporaine. Parallèlement, il développera la pratique de la musique et du chant au sein de l’école élémentaire de Bessines, en collaboration avec ses consœurs institutrices. De cette activité, est né le groupe TEMPO (Théâtre Expression Mouvement POlyphonie) composé d’adolescents, majoritairement anciens élèves de l’école bessinoise.

Lors de cette journée « Merci GG », une choriste s’est adressée à son chef de chœur Gérard Favriou : « GG préfère le terme Animateur musical. Il nous a animés.

Celui qui remplit de multiples tâches : le recrutement des choristes, le choix du répertoire, l’élaboration d’un programme équilibré, le calendrier, l’organisation des répétitions, des concerts, l’animation du groupe, la préparation des partitions, les bandes son qu’il envoie aux choristes. Aux répétitions, il lui arrive de ne pas avoir assez de mains pour, à la fois, laisser ses doigts courir sur le clavier, donner le départ aux quatre pupitres, indiquer les nuances, tenir le tempo. Quel boulot. Parfois, il s’emporte. Il devient rouge, blanc, vert, là faut se méfier, pique même quelquefois des colères noires. Il lui arrive aussi de faire des caprices, de changer d’avis au fil des semaines, mais c’est son affaire et les choristes doivent obéir.

Le chef de chœur, c’est lui qui tient la baguette et même s’il arrive qu’on comprenne rien à sa nature, le chef, c’est le chef, il faut lui obéir un point c’est tout. »

« Après des années d’activité, Gérard Favriou, devenu l’animateur musical du Niortais, a décidé de ranger sa baguette, » confirme une des choristes du premier groupe qu’il a dirigé. « GG est une véritable légende. Impossible de ne pas souligner son labeur, sa disponibilité. Il est temps de rendre hommage à notre maestro, en mettant en lumière, tout ce qu’il a accompli sur le plan culturel à Coulon, Magné, Bessines et Niort. » Toujours bénévolement.

On ne compte pas moins d’une dizaine de groupes créés sous sa houlette : le groupe de l’Amicale de Coulon à ses débuts en 1977 ; la chorale de Bessines à ses débuts en 1984 ; les Ateliers du mercredi dans les écoles élémentaires de Bessines et Coulon ; la réunion des groupes de Coulon et de Bessines sous le nom « Chant’ et Rêve » en 1985 ; la formation « Modulation » composée de six chanteurs et chanteuses issus de Bessines, accompagnés par trois musiciens ; l’atelier des adolescents TEMPO ; « le Chœur Tempo » absorbant Chant’ et Rêve et TEMPO ; « Chanson Montagne » avec des choristes de Niort et au-delà ; « Y’en a Marre » créée pour interpréter des chants de révoltes ; « Chansons » chargé de développer l’expression chant théâtralisé ; et les « Chansons Gaillardes » pour le plaisir.

Toutes ces formations, qui ont compté jusqu’à 110 participants, visaient à promouvoir la chanson contemporaine en l’adaptant à une interprétation scénique de groupe. Ainsi, les choristes ne restaient pas « plantés » devant le public. Ils ne se contentaient pas d’être des chanteurs, ils voulaient être aussi des acteurs. Le mouvement était donc de mise lors de chacune de leurs prestations.

Enfin, on notera ses émissions de radio hebdomadaire « Vocalement vôtre » sur Angélique FM, puis FUN Radio, consacrées au monde vocal. Et on se souviendra des « Weekends chantants » (2003, 2004, 2008, 2009, 2010), et des grands concerts dont “La Terre est si belle” (1993), « Casse tête pour un casting » (1994), « Cool les couleurs » (1995), « Fugue à Fugain » (1997), « Gare à la panique » (1998), « Niort chante, la ville chante ! » (1998, 1999), « Sur le Chantier des Libertés » (1999), « Niort chante : 2000 voix sans frontières » (2000), « Pas que beau ! » (2001), « Accords et à chœur » (2002), « Tempo chante la vie » (2003), « Itinérances » ( 2004), …

Niort Chante la ville chante : un des tableaux de 2000 voix sans frontières sur le parvis des Droits de l’Homme à Niort Photo dr

« GG, tu as su exporter ce qui se faisait de mieux en Angleterre (1988), en Afrique (1991) et même … dans les Pyrénées », déclare un choriste. « Tu as réussi également à faire venir chez nous de grands artistes, des vrais, en chair et en os, comme Maxime Le Forestier, Jacques Higelin, Pierre Barough, et d’autres virtuellement mais avec une qualité de mise en scène telle qu’on aurait dit des vrais comme Michel Fugain. » On peut dire qu’il a mis la barre très haut.

En 1989, le groupe Chant’ et Rêve a chanté avec Maxime Le Forestier à Niort  Photo dr

Gérard Favriou a définitivement tourné la dernière page de son livret de partitions en arrêtant le coaching musical du chœur « Y’en a marre » en septembre 2022. Depuis, plus aucune note, plus aucune parole ne résonnent en son domicile, dans la pièce dédiée à la musique. Un silence nostalgique, fort en émotions, anecdotes, fous rire, et moments de communion. Ses amis ont chanté, échangé des souvenirs, visionné des photos et vidéos, en hommage à GG, l’animateur musical du Niortais qui restera leur chef de cœur.

« Grâce à GG, on a appris des chants dynamiques et précis, avec Chanson toutes ces années notre GG s’est quand même bien marré ! Tu vois GG… », ont conclu les choristes.

Gérard Favriou : « Je remercie toutes les personnes présentes dans la salle de la Grange, dimanche 10 décembre. Bien sûr, je n’ai pas pu côtoyer chacun de vous mais j’ai apprécié votre présence et les animations organisées. Ce fut un moment de souvenirs dans une ambiance cordiale, amicale. Bises à vous tous ».

Gilles PETITavec la participation de France Rousseau

Parmi les nombreux cadeaux remis, Mme France Rousseau (à gauche) a offert à Marie-France et Gérard Favriou un livret historique de la commune de Bessines, publié par la section Recherches historiques de Bessines-Animation Photo Gilles PETIT