Mois: septembre 2021
BENET (85): La visite du four à chaux au programme des journées européennes du patrimoine 2021
Dans le cadre des Journées européennes du patrimoine 2021, notre attention s’est portée sur les fours à chaux de Benet (85), dimanche 19 septembre 2021. Guidés par les « Amis des Fours à Chaux » de l’Association locale de Sauvegarde du Patrimoine Industriel (ASPI), plus de 500 visiteurs, répartis en presque 30 groupes, ont foulé ce site en cours de restauration.
Des visites découverte et/ou visites géologie étaient proposées gratuitement. Le public
avait le choix, en ce dimanche 19 septembre 2021, mais il ne pouvait pas déambuler librement car il eût été dommage de se priver des indispensables explications des guides.

65 fours à chaux seraient recensés en France. Seulement six sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques dont Foussais-Payré et Benet, tous deux en Vendée. Un département qui compte trois autres fours à Bazoges-en-Pared, Challans et Chantonnay.
Visites guidées
« Tous nos guides avaient la bouche sèche et les pieds gonflés mais étaient heureux d’avoir fait revivre ce patrimoine industriel si cher aux Benétains », écrit un responsable de l’ASPI dans un message publié sur Facebook. Le bilan annonce « une très bonne journée qui a vu défiler des visiteurs originaires de la grande région à savoir La-Roche-sur-Yon, La-Rochelle, Les-Herbiers, Parthenay, par exemple. » La soirée était ponctuée des prestations de l’animateur-chanteur Bruno Ligonnière et des danses du groupe folklorique l’Avant deux, au centre d’une prairie occupée par des artisans, des associations et des professionnels qui présentaient leurs activités.
Historique des fours à chaux de Benet

Le site des fours à chaux, situé à la limite des communes vendéennes de Benet et Lesson, sur une superficie de 10 hectares, dont une carrière de 5 hectares, est désaffecté depuis 1981, date de la fermeture de l’usine de production de chaux dont l’activité avait rythmé la vie communale pendant plus de cent ans.
Photo ci-contre : la maquette (1/500ème) du site réalisée par Stéphane Rogge, société Art du Petit
A l’origine, deux fours plus petits étaient situés en face de la proche gare de Richebonne. La carrière d’approvisionnement en pierres se trouvait à l’actuel emplacement des trois fours, lesquels ont été construits en 1873 sur le front de taille. Cette première carrière aurait fourni des pierres de construction pour les nouveaux fours, mais aussi pour les habitations de la région. L’épuisement de la carrière de l’époque et le problème posé par les fumées dégagées par les deux premiers fours gênant les voyageurs à la gare incitèrent M. Piron, le propriétaire d’alors, à déplacer ses fours et à exploiter une nouvelle carrière au lieu-dit « la sablière à Ferret ».
La décision de construire et les dimensions du futur bâtiment furent étroitement liées à la découverte de nouvelles veines de charbon à Faymoreau, combustible nécessaire à la calcination de la pierre calcaire, ainsi qu’à la proximité de la voie ferrée existante depuis la création d’un embranchement ferroviaire en gare de Richebonne par la Compagnie des Chemins de Fer Paris-Orléans. L’entreprise bénéficiait alors d’un transport sûr, rapide et économique. Le site fut l’un des premiers à être électrifié en 1920 à partir de la centrale thermique de Faymoreau.

Étroitement associé aux mines de charbon de Faymoreau, distantes de 30 km, le four à chaux de Benet est inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1994. Il est composé de sa carrière d’origine, d’une bluterie (une usine à broyer, éteindre et tamiser la chaux avant l’ensachage) et de trois fours à chaux rassemblés dans un seul bâtiment construit en pierre de taille de style Vauban. 50 ouvriers y travaillaient début 1900.
Ces fours à chaux sont en cours de rénovation sous l’impulsion du propriétaire M. Jean-Marie Vergnault, fils de l’ancien directeur des Fours à chaux de Benet, et avec l’aide de la Fondation du Patrimoine, la fameuse Mission Bern, le ministère de la Culture et FDJ.
Photos ci-dessus : Parallèle à la sévère montée (photo 1) gravie par les wagonnets chargés de pierres jusqu’au haut des fours, un tunnel de cinquante mètres de long passe sous l’ancienne voie ferrée, laquelle permettait d’approvisionner les fours en charbon. Ce tunnel était emprunté par les wagonnets de chaux sortant du bas des trois fours. Photos Gilles Petit
Qu’est ce que la chaux ?
Sur site, un panneau conçu par l’ASPI informe : La chaux vive, aussi appelée oxyde de calcium (CA), est le produit de la calcination du calcaire grâce au charbon. La chaux éteinte, ou hydroxyde de calcium (CAOH2), obtenue par adjonction d’eau, est également appelée chaux aérienne car elle réagit avec le gaz carbonique de l’air ambiant (CO2). Elle est aussi appelée chaux grasse si sa teneur en oxyde de calcium CAO est élevée, ce qui est le cas pour l’usine de Benet.

La chaux hydraulique (chaux maigre) qui peut contenir de l’argile en quantité plus ou moins importante (10 à 20%), réagit plus ou moins vite avec l’eau et elle durcit après un certain temps, d’où son utilisation dans le bâtiment (crépissage ou mortier). Cette chaux redevient donc calcaire à la fin de son durcissement car l’eau s’est évaporée et elle a récupéré le CO2 de l’air ambiant en séchant.
La construction d’une bluterie a permis d’éteindre la chaux vive par apport d’eau. Cette chaux éteinte en poudre pouvait être mise en sacs de 50 kg et livrée soit par voie ferrée, soit par route, aux agriculteurs et aux ostréiculteurs. En agriculture, elle servait à chauler les sols trop argileux, et en ostréiculture, elle favorisait le développement des huîtres. Elle était également utilisée dans le bâtiment, pour badigeonner les murs.
Photos ci-dessus (à lire de gauche à droite et de haut en bas) : Les établissements Labasse ont mis à disposition des échantillons de chaux vive permettant ainsi aux guides-géologie d’éteindre une pierre de chaux vive avec de l’eau. Il n’a suffi que de quelques gouttes pour monter rapidement la chaux à forte température (plus de 100°) afin qu’elle se désagrège d’elle-même. Photos Gilles Petit
Merci à notre guide du jour.
Gilles PETIT
Association de Sauvegarde du Patrimoine Industriel A.S.P.I « Les amis des Fours à chaux »
12 impasse du Four à Chaux 85490 Benet
Contact jeanvergnault@gmail.com
facebook.com/pg/aspiBenet
Ralentisseurs illégaux : l’étude de la Ligue de Défense des Conducteurs. Reprise intégrale du dossier de presse publié le 1er juillet 2021.
Émissions de CO2 et consommation de carburant qui s’envolent, inconfort, bruit. . . Nous avons mesuré toutes les nuisances des ralentisseurs illégaux !


Si les dommages matériels, voire corporels, que peuvent engendrer les ralentisseurs hors normes sont déjà identifiés, aucune étude n’avait été menée, jusqu’à ce jour, pour mesurer toutes les autres nuisances qu’ils engendrent : surconsommation, CO2, inconfort, bruit… C’est pourquoi la Ligue de Défense des Conducteurs a décidé de faire construire un ralentisseur aux dimensions légales (10 cm de haut), un autre beaucoup plus élevé (24 cm, une hauteur régulièrement atteinte par ces installations)… Ce, afin de mesurer scientifiquement leur différence d’impact sur véhicules et passagers. Des mesures réalisées par les experts de L’Automobile Magazine, avec le soutien de l’association Pour une mobilité sereine et durable et de l’Automobile-club des Avocats.
Le sujet des ralentisseurs illégaux est plus que jamais brûlant. Entre actions administratives ou pénales menées par des usagers de la route exaspérés ou, pire, victimes de ces équipements, le non-respect des normes de construction menace de coûter de plus en plus cher aux collectivités.
Mais les ralentisseurs aux dimensions hors normes ne sont pas seulement dangereux, ils engendrent aussi beaucoup de désagréments, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’habitacle. Le freinage excessif auquel il faut procéder pour les aborder et la ré-accélération qui s’ensuit font bondir la consommation de carburant, donc les émissions de CO2. Même à vitesse ultra réduite, les suspensions des véhicules et les passagers à bord sont également mis à mal. À l’extérieur, le bruit déjà sensible pour relancer son moteur est amplifié si le bas de caisse frotte le bitume… Des nuisances particulièrement mal vécues par les riverains. Et d’autant moins acceptable, en ce qui concerne les émissions de CO2, que constructeurs et conducteurs subissent d’énormes pressions pour les réduire au maximum. Quel intérêt alors, si la multiplication des ralentisseurs illégaux en ville les fait grimper en flèche ?
Si plusieurs associations de défense des automobilistes et des motards militent depuis plusieurs années pour dénoncer tous ces problèmes – dont, évidemment, la Ligue de Défense des Conducteurs (LDC), Pour une mobilité sereine et durable (PUMSD) et l’Automobile-club des Avocats (ACDA), qui ont formé un puissant partenariat fin 2020 afin de mieux sensibiliser collectivités locales et médias sur le sujet –, aucune n’avait encore pris le taureau par les cornes pour mesurer ces nuisances.
Rappel : que dit la réglementation ?
La réglementation sur les ralentisseurs trapézoïdaux (norme NF P 98-300) date du 27 mai 1994 (décret n° 94-447) et impose les principaux points suivants : ils doivent être situés en zone 30 km/h, avoir un plateau compris entre 2,5 et 4 m, avec deux pentes de 1 à 1,4 m de long et ne pas dépasser 10 cm de haut. Enfin, ils ne doivent pas être implantés sur des axes empruntés régulièrement par des transports publics de personnes ni sur des axes où le trafic est supérieur à 3 000 véhicules par jour en moyenne.

Le making-off
Début 2021, la Ligue de Défense des Conducteurs a imaginé ce projet fou : et si nous construisions, sur circuit fermé, un ralentisseur hors normes[1] (ainsi qu’un second aux normes, à titre de comparaison) ? Notre objectif : évaluer de manière incontestable cette surconsommation, ce pic d’émissions de CO2, ce confort dégradé à bord et ce bruit accru à l’extérieur, nuisances toutes engendrées par une installation non conforme. Pour ce faire, nous avons demandé à L’Automobile Magazine, revue mensuelle spécialisée dont toutes les mesures (freinage, autonomie, reprise, bruit…) sont réalisées sur le circuit de Linas-Montlhéry et certifiées ISO 9001 depuis plus de vingt ans, de se joindre à l’aventure.
En quelques semaines, deux journalistes-essayeurs de la rédaction ont développé un protocole de mesures, tandis que la Ligue de Défense des Conducteurs partait à la recherche de l’endroit parfait pour construire ces ralentisseurs. C’est sur les voies privées d’une entreprise de BTP de Marcoussis (Essonne) que nous avons finalement posé nos roues… « Notre association compte plus de 1 million et ce sont eux qui financent nos actions à 100 %. C’est donc grâce à eux que cette vaste opération a été rendue possible, explique Nathalie Troussard, secrétaire générale de la LDC. Leur exaspération vis-à-vis des ralentisseurs trop hauts va grandissant, leurs témoignages se multiplient, tandis que sur notre site communautaire Activ’Route[2], on nous signale de plus en plus d’équipements ayant provoqué des casses matérielles ou même des accidents. Il était temps d’agir et d’expliquer, chiffres à l’appui, pourquoi ce type d’infrastructure doit cesser de proliférer. »
De son côté, Christophe Congrega, journaliste-essayeur de L’Automobile Magazine, explique : « Nous avons trouvé cette démarche intéressante. Forts de notre expertise en matière de mesures, nous avons trouvé pertinent de proposer des données sous contrôle d’huissier de justice afin d’étayer le sujet, qu’il s’agisse de débats auprès des tribunaux ou des municipalités décisionnaires de l’installation de ces ralentisseurs. »

Le protocole appliqué pour les mesures
Début mai 2021, nous avons retrouvé nos ralentisseurs fraîchement construits sur notre base d’essai dans l’Essonne, le temps d’une longue journée de mesures.
Le protocole défini par L’Automobile Magazine, en collaboration avec les différents partenaires du projet, incluait tout d’abord l’utilisation de deux véhicules représentatifs du parc automobile français actuel, à savoir une Renault Clio et une Peugeot 3008. Le premier ralentisseur était donc aux dimensions légales : plateau de 4 m et de 10 cm de hauteur, précédé et suivi d’une rampe de 1,40 m de long. Idem pour le ralentisseur hors normes, sauf la hauteur bien sûr, cette fois fixée à 24 cm. Nous avons ensuite défini un parcours de 250 m de long, du type de ceux que l’on rencontre en ville, avec une vitesse d’entrée de 40 km/h, puis, sur un tiers du parcours, une courbe abordée à 30 km/h quand il n’y a pas de ralentisseur, suivie d’une ré-accélération douce jusqu’à 40 km/h. Les deux ralentisseurs sont situés l’un à côté de l’autre avant cette courbe. Pour le circuit empruntant l’équipement aux dimensions légales, la vitesse d’entrée de 40 km/h est suivie d’un léger freinage jusqu’à 25 km/h pour aborder cet obstacle suivi, une fois redescendus, par une ré-accélération douce pour le virage et la fin du parcours à 40 km/h. Pour le ralentisseur illégal, c’est le même protocole, mais avec un freinage plus franc pour aborder l’obstacle à 15 km/h seulement, suivi d’une ré-accélération plus dynamique, afin de retrouver les vitesses normales du parcours. Durant ces trois exercices, nous avons mesuré la consommation avec nos débitmètres, le confort avec un accéléromètre positionné sous les fesses du conducteur, ainsi que le bruit émis grâce à un sonomètre, positionné à 7 m de la voie de passage de la voiture. Enfin, toutes ces mesures ont été réalisées sous le contrôle d’un huissier de justice, qui a également vérifié le parcours, la répétabilité des essais et les dimensions des ralentisseurs.

Les résultats
Caractéristiques techniques des deux véhicules testés :
– RenaultClio 3 cylindres 1 litre essence X-Tronic de 90 ch
– Peugeot3008 3 cylindres 1,2 litre PureTech EAT8 de 130 ch
1/ Consommation et émissions de CO2 en forte hausse
Nos deux voitures tests affichent des consommations proches sur cet exercice, malgré leur différence de poids (1 110 kg pour la Clio contre 1 320 kg pour le 3008). Pour disposer d’une valeur-repère nous permettant de calculer l’augmentation de la consommation et des émissions de CO2, nous avons, au préalable, effectué les mêmes mesures sur la même boucle sans aucun ralentisseur.
Nos constatations : si un ralentisseur légal augmente « raisonnablement » leur appétit (respectivement + 10,5 % et + 13 %), il ne faut tout de même pas les multiplier sans bonnes raisons.
Le ralentisseur illégal, lui, fait grimper les consommations de 26 % pour la Renault et 28 % pour la Peugeot. Soit un surcoût énergétique et des émissions de CO2 supplémentaires d’environ 15 % par rapport à un ralentisseur légal, qui plaident fortement pour leur suppression.

2/ Confort largement dégradé
Test avec la Renault Clio : un véritable choc dès 18 km/h
À 25 km/h, le ralentisseur légal (10 cm de haut maximum) est effacé avec facilité par la Clio. Avec 0,27 g à la montée et 0,3 g à la descente, elle préserve assez bien votre dos. Mais, comme pour le 3008 (voir plus loin), c’est beaucoup moins bien sur le ralentisseur de 24 cm abordé à seulement 15 km/h, où elle impose déjà 0,39 g à la montée 1, avec deux gros rebonds 2 dus au contact inévitable sur les butées de suspensions, et 0,45 g à la descente 3 avec, là encore, un fort rebond 4. Bref, cinq importantes secousses qui se répercutent sur le dos, malgré l’allure très réduite. Si les Clio et 3008 se comportent à peu près de la même manière à la montée de ce gendarme couché illégal, la Renault s’en sort un peu mieux à la sortie, avantagée par un poids moindre sur le train avant (715 kg contre 884 kg pour le Peugeot) à freiner et amortir lors de la descente de cette marche. À noter que, même à seulement 15 km/h, les boucliers de nos françaises frottent une fois sur deux à la montée et à la descente. Et, à seulement 18 km/h, les secousses atteignent alors 0,63 g à la montée et carrément 0,85 g à la descente pour la Clio. Soit un gros choc à bord !

Test avec le Peugeot 3008 : bien secoués même à faible allure
Abordé à 25 km/h, le ralentisseur légal ne pose pas de problème particulier au 3008, que ses suspensions absorbent aisément en limitant la sollicitation verticale subie par les passagers à 0,32 g. Soit une secousse qui n’est pas perçue comme de l’inconfort. En revanche, tout change sur le ralentisseur illégal, lequel, malgré des rampes d’accès et de sortie de 1,40 m, oppose un effet “mur” aux roues avant 1, et ce, même en freinant franchement pour l’aborder à seulement 15 km/h. Si la secousse grimpe à 0,4 g à la montée avec une sensation désagréable, elle culmine à 0,55 g à la descente 3, ce qui devient très inconfortable. Dans les deux cas, ces secousses sont suivies d’une ou plusieurs “répliques” 2 et 4 quasiment aussi fortes, dues aux rebonds sur les butées de suspensions. On imagine sans peine les répercussions de ces chocs répétés sur le dos des chauffeurs de transports en commun (voir notre sondage mené auprès des chauffeurs de bus en annexe), dont certains confessent aborder jusqu’à 300 fois ce type de ralentisseurs au cours de leur journée de travail.

2/ Agression auditive
Tests avec les deux véhicules
Avec nos voitures modernes, le passage sur un ralentisseur légal ne produit pas plus de bruit que s’il n’y en avait pas. En revanche, la franche décélération, jusqu’à 15 km/h, nécessaire pour passer sur le modèle illégal, impose une augmentation sensible du bruit à la ré-accélération : + 2 à 3 décibels (dBA), soit un bruit doublé. Et si le bouclier frotte, ce qui n’est pas rare – et qui devient inévitable dès 18 km/h –, le bruit est multiplié par huit !

Les décisions qui s’imposent
Nous l’avons vu avec ces mesures, les ralentisseurs non conformes, au-delà des risques qu’ils font courir aux usagers de la route et à leurs véhicules, sont une source multiple de désagréments au quotidien[3].
Nos tests ne portaient, certes, que sur un circuit de 250 mètres. Sauf que ce pic de consommation de carburant et d’émissions de CO2 (sans parler des suspensions et des passagers secoués, ni du bruit) a une fâcheuse tendance à se répéter là où les ralentisseurs ont poussé comme des champignons. À la Ligue de Défense des Conducteurs, nous ne comptons plus les témoignages faisant état de « fossoyeurs de trains avant », comme l’un de nos sympathisants a rebaptisé ces équipements. Ainsi, à Mouriès (Bouches-du-Rhône), on nous signale 11 ralentisseurs en 1 kilomètre ; 17 sur 1,5 km à Sérignan (Hérault) ou encore 12 sur 1 km à Bédarieux, dans le même département ; 5 sur 800 m à Talence (Gironde) ; 17 sur 2 km à Seyssinet Pariset (Isère), 21 en 2,4 km sur l’ancienne route d’Annecy, entre Les Tresoms et Servier (Savoie)… Nos exemples pourraient couvrir plusieurs pages ! Rappelons que la France compte environ 450 000 ralentisseurs : il n’est donc plus question de simples « pics » !
Comment cette situation a-t-elle pu dériver à ce point ? Nul doute que les élus, avec les ralentisseurs, répondent à une attente des riverains désireux d’améliorer la sécurité routière là où ils habitent. Encore faut-il respecter les normes de construction (mais aussi éviter de se précipiter et de multiplier ces installations, réaliser une étude d’impact…). Certes, les recommandations du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), qui n’ont pourtant pas force de loi, ont semé la confusion. Ces textes font le distinguo entre ralentisseur de type trapézoïdal (concerné par le décret) et ralentisseur de type « plateau traversant », sous-entendant que la partie plane de l’équipement, à partir du moment où elle mesure plus de 4 m de long comme la norme le veut, n’est plus trapézoïdal. « Ces plateaux traversants, qui sont aussi parfois appelés plateaux surélevés ou plateaux ralentisseurs, sont une pure invention du Cerema, s’insurge Thierry Modolo-Dominati, président de l’association de Pour une mobilité sereine et durable, grand pourfendeur de ralentisseurs illégaux et partenaire de la LDC sur cette opération. Ces recommandations ont été écrites pour s’affranchir des textes légaux, très restrictifs. Elles laissent à penser aux collectivités locales, pourtant épaulées par des directeurs techniques qui devraient les en dissuader, qu’elles peuvent implanter des installations non conformes. » Mais à quel titre les citoyens devraient-ils tolérer que leurs villes, communautés de communes et départements installent des équipements faisant fi, volontairement ou pas, de la réglementation (voir ci-dessus) ? Alors qu’eux-mêmes font l’objet d’une intransigeance absolue dans le cas d’un dépassement de la limitation de vitesse de 1 ou 2 km/h, si l’on demeure dans le domaine de la sécurité routière ?
Le temps est venu où le respect de la loi – en l’occurrence, ici, d’un décret – doit prévaloir. Nos trois associations ne sont pas les seules à le proclamer. Ainsi, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, interpellé à ce sujet par un député de Lozère, a récemment rappelé : « Tous les dispositifs devraient aujourd’hui répondre à la norme en vigueur […]. Le gestionnaire de voirie qui n’aurait pas pris les dispositions nécessaires engage donc sa responsabilité. Plusieurs décisions de justice récentes ont d’ailleurs conduit des collectivités locales qui ne l’avaient pas fait à se mettre en conformité vis-à-vis des règles.[4] » Le Syndicat des équipements de la route (SER) a de son côté émis une note juridique qui met en garde ses adhérents sur les risques d’engagement de leur responsabilité lorsque le donneur d’ordre, à savoir les collectivités, exige l’installation d’équipements de la route ne répondant pas à la réglementation ou aux normes (voir le communiqué de presse que nous avons publié sur le sujet en annexe).
La position de la Ligue de Défense des Conducteurs, de Pour une mobilité sereine et durable de l’Automobile-club des Avocats est claire : il faut cesser de construire des ralentisseurs illégaux et remettre aux normes ceux qui existent déjà, mais ne respectent pas les dimensions légales ni les restrictions d’implantation.
Il en va non seulement de la sécurité des usagers, de la prévention des casses matérielles, des nuisances en tout genre… mais aussi d’une politique environnementale cohérente. Nos élus, à tous niveaux, ne peuvent pas d’un côté contraindre citoyens et constructeurs automobiles à acheter et concevoir des véhicules respectueux des normes d’émissions, tandis que de l’autre, leurs propres décisions dégradent, voire réduisent à néant, tous les efforts qui ont été accomplis.
[1] En l’occurrence, la reproduction d’un ralentisseur situé dans la ville de La Garde, dans le Var, dont les dimensions ont été constatées par huissier de justice en 2019, à la demande d’un habitant dont le véhicule avait subi des dommages de pièces de carrosserie et mécaniques du soubassement lors de son franchissement.
[3] En annexe à ce dossier de presse, vous trouverez les résultats d’un sondage que nous avons réalisé auprès de chauffeurs de bus et d’autocars, consacré aux conséquences des ralentisseurs sur la santé des professionnels de la route.
[4] De la même manière, les coussins berlinois en caoutchouc vulcanisé, auxquels les communes ont souvent recours, sont-ils interdits par le ministère des Transports depuis… 2009 !
Journées du patrimoine 2021: L’Espace culturel René-Cassin – La Gare de Fontenay-le-Comte à coulisses ouvertes
Dans le cadre des journées européennes du patrimoine, l’Espace Culturel et de Congrès René-Cassin – La Gare a ouvert ses coulisses au public à Fontenay-le-Comte (Vendée). Une occasion de découvrir l’envers des décors.

D’ordinaire, le public vient « consommer » le spectacle proposé par des artistes. Quand il entre dans une salle, tout est en place, les décors (s’il y en a, sinon c’est le noir complet !), les rideaux, la lumière, le son, l’ambiance tamisée enveloppant au premier abord . . . Le spectateur ne peut imaginer que, bien avant son arrivée, le plateau scénique grouillait d’activités, les artistes s’appropriant l’espace qui leur est dévolu, les techniciens peaufinant les réglages, notamment les régisseurs qui « balancent » le son et la lumière selon les desiderata des interprètes et la perception potentielle du public.
Ce monde du spectacle travaille dans un espace armé de lourds équipements ignorés des spectateurs ou du moins qui se font oublier. L’Espace Culturel et de Congrès (ECC) René-Cassin – La Gare de Fontenay-le-Comte dispose d’une machinerie permettant de travailler simultanément dans deux salles ou de réunir le tout en une seule.
Visite guidée
Suivons nos guides Amandine et Lledo, respectivement chargée de communication et technicien à l’ECC. « Construite sur le site de l’ancienne gare ferroviaire de Fontenay-le-Comte, » explique Amandine, « une nouvelle structure contemporaine a su s’intégrer et préserver la façade du bâtiment d’origine typique de l’architecture ferroviaire du XIXème siècle. »

Notre guide poursuit : « Nous sommes une salle de spectacle, dans un bâtiment qui date de 1881. Date de la pose de la première pierre. Cette gare qui existe donc depuis 140 ans, a fermé en 1969 pour les passagers. Des mouvements de marchandises étaient encore constatés alors que des bus remplaçaient les trains au départ de la gare. Cet espace a été transformé en 2005 en espace culturel et de congrès. » Les concepteurs ont conservé le hall et la façade principale. Celle-ci porte encore une date 1888, inscrite sous l’horloge. Une date qui fige la mise en service de cette gare. On notera aussi la présence du logo des « Chemins de Fer de l’État » sur les cheminées de l’édifice.
« La création de la gare a connu bien des déboires, » précise Amandine. « Il y avait des lignes qui passaient autour de la ville et en direction de La Rochelle et Bordeaux mais qui n’arrivaient pas à Fontenay-le-Comte. Les élus se sont longtemps battus pour obtenir cette gare et desservir cette ville du sud-Vendée. Après quelques années sans activité, sauf un service guichet SNCF, on a décidé d’en faire un espace culturel. » L’accueil de l’ECC était vraiment un guichet SNCF à la base. Le hall est conservé en différents espaces bien distincts. « Ici, on retrouvait le marchand de journaux à la fin des années 1960, à savoir le kiosque où arrivaient tous les journaux ensuite distribués dans les commerces de presse de la ville. On est venu accoler une grande structure qui offre deux salles : la grande halle et la salle 518 places. Ces deux salles sont reliées par une scène qui a une double orientation. » En plus des spectacles de toutes factures, ces salles peuvent aussi accueillir des assemblées générales, des salons, des foires expositions . . . « Nous avons une équipe technique, composée de différents métiers dont la régie générale qui a sous sa coupe un régisseur son, un régisseur lumières et des personnes polyvalentes. La logistique est importante. »
A la question : « Pourquoi ce nom René Cassin ? », Amandine explique qu’il s’agit d’un « hommage à M. René Cassin, une personne qui a contribué à l’écriture des Droits de l’Homme et on a rajouté La Gare pour marquer ce lieu. » Un espace géré par la ville de Fontenay-le-Comte. Laquelle gère aussi le théâtre municipal à l’italienne, pouvant recevoir d’autres compagnies, des associations locales ou autres . . .

Lledo, notre guide technique prend le relai : « Nous allons essayer de suivre le cheminement d’une équipe artistique qui arrive ici. Tout commence à l’arrière du bâtiment. Regardez bien cette photo ancienne (ci-contre) des voies de la gare de Fontenay-le-Comte car tout ça n’existe plus et dans une seconde vous serez dans un autre monde. »
La grande halle
En effet, après avoir franchi deux lourdes portes, les visiteurs sont plongés dans la grande halle. Une salle qui peut accueillir jusqu’à 4 800 personnes debout ou 3 000 assises. Grâce à un jeu de parois qui peuvent s’escamoter, le plateau scénique peut être commun aux deux salles.
La salle 518
Les visiteurs ont eu le privilège de marcher sur le plateau scénique. Une scène qui paraît en désordre organisé car les régisseurs ont disposé divers outils. Ainsi, il était possible de moduler quelques projecteurs-lumière et diffuser de la musique, via deux consoles de commande. Un panel de projecteurs, de microphones et de câblages de toute nature était aussi exposé. De quoi donner une certaine idée du matériel nécessaire pour assurer un spectacle. « Vous êtes sur une scène, une scène creuse, » lance Lledo. « Ce sont 48 panneaux qui couvrent le plateau. C’est la fameuse scène qui monte et qui descend sur 20 mètres d’ouverture du côté grande halle et 24 mètres du côté gradin salle 518. Chaque panneau supporte une tonne. Pour monter, panneau par panneau, tout ou parties de la scène, de 0,40 à 1,40 mètre, nous utilisons une machine spéciale qui se trouve sous la scène. Il s’agit d’une table élévatrice que l’on va placer sous chaque panneau pour le soulever ou le baisser. »
Après un passage par les cinq loges, avec les fameux miroirs, et un foyer attenant où « les artistes se retrouvent et prennent confortablement leurs marques, » le groupe a quitté le rez-de-chaussée pour gravir l’étroit escalier qui conduit au-dessus de la scène, au niveau du grill en aluminium chargé de supporter lumières et rideaux noirs. « Le grill peut descendre d’un bloc grâce à seize treuils de deux tonnes chacun. »
Un lieu refuge
Avant de terminer la visite, nos guides ont informé : « l’ECC est un lieu-refuge pour la population en cas de catastrophe. Un groupe électrogène peut rapidement prendre le relais si nécessaire. Tout est prévu pour facilité les interventions de secours et héberger un centre de soins et d’accueil d’urgence. Climatisées, les salles peuvent palier les conditions climatiques de l’extérieur. »
Ouverture le 25 septembre 2021
L’ECC René-Cassin – La Gare ouvrira samedi 25 septembre 2021 par une soirée de présentation de sa saison culturelle. Ainsi, la ville de Fontenay-le-Comte invite le public à partager une animation proposée par des artistes locaux issus de cinq compagnies conventionnées : La compagnie des Artisans rêveurs, l’Ensemble vocal Polymnie, Fontenay fait sa renaissance, Le Camembert, la Compagnie Gianni Joseph. La soirée débutera à 16 heures sur le parvis de l’Espace culturel, et se poursuivra, à partir de 18 heures, en salle par la présentation des spectacles retenus pour la saison 2021/2022. A partir de 20 heures, le cabaret percussif de la Cie Toumback lancera un bal participatif. Cette soirée s’adresse gratuitement à tous les publics. Le placement est libre, sur réservation.
Gilles PETIT Illustrations originales : Amandine et Lledo Photos Sophie Petit

L’Espace Culturel et de Congrès René Cassin – la Gare
70 Avenue de la Gare
85200 Fontenay-le-Comte
Tél. : 02 51 00 05 00
ecc.r.cassin@ville-fontenaylecomte.fr http://www.fontenay-le-comte.fr Facebook.com/ReneCassin.LaGare