Velluire-sur-Vendée

MARAIS POITEVIN : « La transhumance du sud-Vendée » a débuté au Communal du Poiré-sur-Velluire

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En cette fin avril, début mai 2024, les 22 communaux du Marais Poitevin, en convention avec le Syndicat mixte du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin, ouvrent progressivement aux éleveurs près de 2 200 ha de prairie naturelle. Au grand bonheur des centaines de bovins, d’équidés et autres anatidés ainsi « mis à l’herbe » après un hiver passé à l’abri des intempéries. Certaines de ces ouvertures de réserves à pâturage collectif partagé font l’objet d’une journée festive. La commune des Velluire-sur-Vendée (Vendée) a ouvert le bal le 20 avril 2024.

« 240 ha de prairie ; 420 vaches ; 20 chevaux ; 30 oies ; 5 éleveurs bovins ; 2 éleveurs équins ; 3 élus régionaux ; 4 élus départementaux, la présidente des maires de Vendée ; plusieurs maires vendéens et deux-sévriens », par ces quelques mots M. Pascal Duforestel, président du Syndicat mixte du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin, a installé l’ambiance du lancement de la saison de pâturage collectif dans le communal du Poiré-sur-Velluire sur la commune des Velluire-sur-Vendée. Le président poursuit : « le Parc naturel est un commun qui rassemble à la fois les citoyens, l’ensemble des collectivités dont bien sûr les départements et les régions. « 

Le communal du Poiré-sur-Velluire est situé au sud-ouest de Fontenay-le-Comte (85). Image Google

« Cette fête est un moment magique où vous arrivez à marier le côté agriculture, élevage et le côté nature et biodiversité », a constaté Mme Lydie Bernard, vice-présidente du Conseil Régional des Pays-de-la-Loire en charge de l’agriculture, de l’alimentation et de la mer. « Pour notre région, un parc naturel est un patrimoine qu’il nous faut tous préserver. C’est pour ça que, aujourd’hui, nous avons signé un contrat de 1.850.000 euros sur trois ans. Ce n’est pas rien. Le Parc est sur deux régions qui travaillent très bien ensemble, c’est une vraie richesse. Les régions représentent 40% des budgets du Parc, c’est un socle important. »

La conseillère régionale fait allusion au « Contrat de Parc » qui définit le projet partagé entre la région Pays-de-la-Loire et le Parc Naturel Régional, ainsi que les actions prioritaires de 2024 à 2026 réunies autour de cinq thématiques : la protection renforcée de la biodiversité et des milieux naturels, l’atténuation et l’adaptation au réchauffement climatique, la préservation et le renouvellement de la trame arborée, l’innovation dans l’économie territoriale, et la dynamique de réseau. Photo (de gauche à droite) MM. Roland Marion, conseiller régional PdL délégué à la transition écologique et énergétique, et Pascal Duforestel, président du PNRMP. (Gilles PETIT)

« Nous avons déjà signé un tel contrat avec la Nouvelle-Aquitaine », informe M. Duforestel, également conseiller régional Nouvelle-Aquitaine. « Avec celui des Pays-de-la-Loire, nous allons au delà de l’effet symbolique d’avoir les régions à nos côtés. Celles-ci nous donnent de la visibilité dans le temps, nous permettant ainsi d’inscrire sur plusieurs années des actions très importantes pour l’économie, notamment sur le maintien de l’élevage et la préservation des espaces naturels que sont ces communaux du Marais Poitevin. »

Quid d’un communal ! Photos Gilles PETIT

Avec ses 110 000 hectares, le Marais poitevin, deuxième zone naturelle humide de France après la Camargue, s’étend sur deux régions, la Nouvelle-Aquitaine et les Pays-de-la-Loire, et sur trois départements, Deux-Sèvres, Charente-Maritime et Vendée. Il réunit des acteurs au sein du Syndicat mixte du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin (PNRMP).

M. Dominique Giret, directeur technique en charge de l’agriculture et de l’environnement au PNRMP, disserte :  » 22 communaux sont aujourd’hui en convention avec le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin. Chaque commune a pris l’engagement avec le Parc, avec les Chambres d’agriculture et aussi la Ligue de Protection des Oiseaux, de préserver ce patrimoine que sont les communaux du marais. Sur environ 2 200 ha de surface totale, le Poiré-sur-Velluire couvre 241 ha. Il s’agit donc d’un des plus grands, avec Lairoux et Curzon. Le principe est simple, nous avons des prairies qui sont héritées des grandes phases historiques de dessèchement du marais. Ces parcelles étaient laissées à la disposition des habitants des communes, de manière que les éleveurs puissent y mettre des vaches à pâturer, des chevaux, des oies, et parfois des moutons. De fait, c’est un bien commun de gestion collective. Les agriculteurs arrivent tous à une date donnée et introduisent leurs troupeaux, lesquels se mélangent sur l’espace. Ceci nécessite des équipements comme des parcs de contention placés sur l’ensemble des communaux par le Parc qui les finance et les réalise pour le compte des communes. Il y a, bien sûr, un suivi en matière de surveillance et d’accompagnement, notamment sanitaire avec les vétérinaires. C’est un patrimoine culturel, historique, au delà de l’intérêt environnemental, car ces prairies, de fait, sont des prairies qui sont préservées depuis toujours, ça fait des siècles qu’elles sont en prairie naturelle. Celle du Poiré-sur-Velluire est classée en réserve naturelle régionale en Pays-de-la-Loire. Donc le Parc est conservateur et gestionnaire de ce communal avec la commune. Pour tous les autres, on intervient avec des engagements différenciés. Il y a aussi trois communes en Deux-Sèvres, avec lesquelles nous travaillons : Sansais qui est privatisé, Vallans en gestion collective, et Le Bourdet dans le cadre de la valorisation de la race bovine maraîchine. Sur l’ensemble du marais, la surface des communaux s’est étendue en restaurant des cultures en prairie. Les communaux, c’est un gros moteur de l’action du Parc en matière de préservation de l’environnement. La spécificité de mélanger des chevaux, des vaches, des oies, et un peu de moutons, fait que ces animaux vont s’attaquer à des plantes différentes et, de fait, ils vont couper les végétaux qui les intéressent. Tout s’autorégule et participe à l’entretien. »

M. Stéphane Guillon, conseiller départemental de Vendée et maire de Bouillé-Courdault ajoute :  » La transhumance du sud-Vendée, comme on l’appelle ici, est un peu les grandes vacances pour les animaux. Ils vont passer six à huit mois dans ces belles prairies, ce beau paysage. Certains vont repartir vers le 1er juillet pour des congés parentaux. C’est aussi des grandes vacances pour les agriculteurs-éleveurs, parce qu’ils ont passé un hiver plutôt compliqué avec une hygrométrie importante. »

Dès qu’elles ont l’autorisation, les vaches courent vers une certaine liberté estivale Photo Gilles PETIT

Par ailleurs, ajoute M. Giret, « on enlève des animaux quand il y a moins d’herbe, par exemple au mois d’août. Il n’est pas question de laisser 500 vaches dans un endroit où il n’y a pas assez d’herbe pour toutes. Les agriculteurs régulent eux-mêmes et le Parc, qui les accompagne, vérifie l’état de la prairie et, en accord, il va déclencher des phases de déchargement. » On notera que, cette année, les ouvertures des communaux ont été retardées parce qu’il a tellement plu cet hiver que les conditions n’étaient pas tout à fait réunies. Les animaux vont rester dans ces prairies jusqu’à ce que l’eau remonte sur le communal. En fonction des années, ça pourrait être en août, septembre, octobre, ou novembre, ça dépend.

Imaginées par l’agence d’architecture Laurent Guillon et fabriquées par ID VERDE, trois plateformes d’observation ont été installées autour du communal. Financées par la région Pays-de-la-Loire et l’Europe (FEDER), soit 90 000 euros pour l’ensemble, elles sont équipées de longues-vues et complétées d’un sentier pédagogique. L’ingénierie est supportée par le Parc. Photo Gilles PETIT

Une faune riche et variée

Une caméra piège joue les espions sur la réserve. Le 6 août 2023, elle a permis d’observer des espèces très discrètes comme la Genette commune – Genetta genetta . Originaire du Maghreb, la Genette a été importée au Moyen-âge pour la domestication. Détrônée par le chat, on la retrouve, depuis, à l’état sauvage en France, principalement dans la moitié Sud-Ouest. Ce mammifère de 20 cm de haut et 50 cm de long, sans la queue, affectionne les zones boisées et bocagères. Longtemps chassée pour sa fourrure, elle est aujourd’hui protégée. Nocturne, elle se nourrit principalement de petits mammifères comme les mulots (environ 60% de son régime), de reptiles, d’oiseaux, d’insectes, de baies, etc… Source PNRMP

Gilles PETIT

Heureuses ces génisses qui se sont regroupées par cheptel dans cet immense espace. Photo Gilles PETIT