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COULON (79): le CAJCA, une idée différente des rapports Nord-Sud

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Du terrain de football aux tables-bancs en passant par l’alphabétisation, l’adduction d’eau potable et la construction de latrines, entre autres, le CAJCA (Coulon Association de Jumelage et de Coopération avec Anié 1) œuvre, depuis 1989, au développement du village togolais d’Anié en Afrique. Grâce à 35 ans d’échanges riches et constructifs soudés par la volonté d’avancer ensemble, l’association est reconnue d’intérêt général, un statut qui autorise la collecte de dons défiscalisés.

A ce jour, l’association a financé 640 tables-bancs pour les écoles Photo : documentation CAJCA

« Au fil des ans, l’écart entre le Nord et le Sud se creuse de plus en plus », expliquait en juin 1992, Mme Josette Moinard, la regrettée présidente-fondatrice du CAJCA. « Les associations de jumelage-coopération ont une idée différente des rapports Nord-Sud. Il ne s’agit ni de charité, ni d’aide impersonnelle et vague mais d’échanges basés sur le respect mutuel et l’amitié. Car les Africains peuvent nous apprendre beaucoup en ce qui concerne les rapports humains, la place des « anciens » dans la société, l’hospitalité, la convivialité et la communicabilité. »

Anié, une commune togolaise

Le 18 janvier 1989 était signé l’acte de jumelage, au village africain d’Anié, situé dans la région des Plateaux, à 180 km de Lomé, la capitale du Togo, et à 30 km de la ville d’Atakpamé, localité jumelée avec Niort. Anié compte environ 45 000 habitants. On notera que dans le cadre de la décentralisation au Togo, la Loi locale du 29 juin 2017 a divisé la commune d’Anié en deux parties : Anié 1 et Anié 2. Le CAJCA est désormais jumelé avec la commune d’Anié 1 dont le maire, M. Atara, a été élu en juin 2019.

Document publication CAJCA

Sur place, les Togolais de l’ADJAC (Association de Développement du Jumelage Anié-Coulon) jugent de l’opportunité de lancer un projet, en évaluent le coût, établissent un devis et précisent quelle pourrait être leur participation, le plus souvent en main d’œuvre. Il revient alors à l’association française de calculer si, avec l’aide communale coulonnaise (1€/habitant), de diverses entrées extérieures, et avec l’apport du CAJCA, il est possible de financer le projet présenté par leurs amis africains.

En mars 1995, l’assemblée générale du CAJCA était présidée par Mme Josette Moinard (au centre) en compagnie de MM. Pierre Rousseau (à droite), maire de Coulon, et Moutawakilou Abdoulaye (à gauche), membre de l’ADJAC, l’association de jumelage togolaise. Photo Gilles PETIT

Lors d’un entretien que Mme Moinard nous avait accordé en janvier 1993, la présidente emblématique du CAJCA, définit la genèse de l’association de jumelage-coopération avec Anié : « Peut-être est-il nécessaire d’expliquer pourquoi aller chercher si loin des gens à aider alors que, si près, la misère gagne. Aller à la rencontre d’un autre monde, d’une autre culture, c’est apprendre à se comprendre, à se respecter, à s’enrichir mutuellement. L’Afrique bouge. Peuple soumis pendant des siècles, il devient majeur, il veut se prendre en main ; secouant le joug du despotisme, il marche vers la démocratie. Le chemin est long et semé d’embûches mais la volonté est là et elle vaincra. A Anié comme ailleurs, les villageois se mobilisent, ils se refusent à demeurer des assistés, ils veulent décider de leur avenir, améliorer leur cadre de vie, instruire leurs enfants, accueillir leurs malades de façon décente. Cela coûte, ils ont peu, nous les aidons. Plus nous les aiderons à bien vivre chez eux, moins ils seront tentés d’aller chercher dans nos pays dits riches, le bonheur qu’ils auront du mal à trouver, et c’est peut-être une façon de mieux respecter la dignité de l’homme. Que recevrons-nous en retour ? Une grande leçon de sagesse et d’humilité. »

Les réalisations

Les Coulonnais sont tout d’abord intervenus dans la construction de latrines publiques (en 1990 et 1991). Ils ont doté le dispensaire local en médicaments et petit matériel médical (1991), aidé à l’aménagement d’une bibliothèque (1993) et participé à l’achat de manuels scolaires (1993). Est venu ensuite, un projet cher aux habitants, la construction d’un nouveau terrain de football dont le mur de clôture fut le plus gros investissement et le plus important pourvoyeur de recettes locales. Au fil du temps, les efforts conjugués ont permis de construire des latrines publiques, une bibliothèque, une salle de soins, un dispensaire, un bâtiment scolaire de trois classes, des latrines scolaires, des bornes-fontaine, etc.

19 bornes-fontaine sont installées. Photo : publication CAJCA

Pour aider au financement de ces actions, les Coulonnais organisent ou participent régulièrement à des manifestations publiques : bourse aux vêtements d’hiver, loto, bric-à-brac, marché africain, etc. L’association a longtemps procédé chaque trimestre à une collecte de vieux papiers et cartons avec le concours de la municipalité. Aujourd’hui, la collecte de ferrailles est une grande réussite.

La pérennité du jumelage-coopération

En mars 2016, l’assemblée générale du CAJCA a pris une importance particulière. Après Mme Josette Moinard, présidente pendant une quinzaine d’années, Mme Nicole Sagory qui avait pris la suite, a souhaité passer la main en assurant une coprésidence avec Mme Christine Nouzille. Cette dernière est aujourd’hui présidente du CAJCA.

Actuellement, le CAJCA mène simultanément sept actions : une opération tables-bancs aux écoles, l’aménagement de la bibliothèque, les cours d’alphabétisation pour adultes, l’agriculture dont le maraîchage, d’autres latrines, la distribution d’électricité, et l’extension du réseau d’eau potable avec la pose de bornes-fontaine publiques.

Un appel aux dons

Le CAJCA poursuit donc son action de solidarité au profit des écoles d’Anié qui manquent de tout : bâtiments, latrines, tables-bancs, tableaux, craies, matériel didactique… Depuis 2010, grâce à de nombreux dons, l’association a financé notamment l’achat de 640 tables-bancs, 14 tableaux et des cartons de craies.

Les besoins demeurent néanmoins très importants. L’objectif 2024 du CAJCA vise à financer 400 tables-bancs. Pour contribuer à l’équilibre fragile de la forêt sur la région chaque table-banc fera l’objet d’une plantation d’arbres. Don pour 1 table-banc + 1 plant d’arbre = 25 € (soit 8,50 € après défiscalisation). En effet, le CAJCA étant reconnu association d’intérêt général depuis 2017, 66% du montant du don peuvent être déductibles de l’impôt sur le revenu.

Contacts CAJCA : Christine Nouzille : tél. 06 74 88 18 32 – Nicole Gatineau : tél. 06 67 49 59 98

Gilles PETIT