Louis Tardy
COULON (79) le Quai Louis-Tardy en travaux jusqu’au printemps 2023
La « requalification des espaces publics et la mise en piétonisation de l’ensemble du Quai Louis-Tardy à Coulon » sont lancées. Les travaux débutant ce 2 novembre 2022, les habitants du site ont pris connaissance des détails de l’opération.

Une fois de plus le Quai Louis-Tardy (photo ci-dessus : plan cavalier de Coulon réalisé par Damien Cabiron 2016) sera condamné à toute circulation et stationnement automobiles et cyclistes du 2 novembre au 23 décembre 2022, puis du 9 janvier au 31 mars 2023. Toutefois, les riverains et les services bénéficieront de créneaux d’accès.
Jeudi 27 octobre 2022, face à un important auditoire très attentif, la maire de Coulon, Anne-Sophie Guichet, a ouvert la séance d’information : « C’est un projet dont on parle depuis longtemps. Puisqu’il a commencé à être évoqué en 2019 par l’ancienne équipe municipale. Nous avons souhaité que cette troisième réunion des riverains soit participative, comme les précédentes. » Conduits par l’entreprise DCI Environnement, maître d’ouvrage, ces travaux sont le fruit d’un travail en commun de différents acteurs que sont la municipalité locale, le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin (PNR), la Communauté d’Agglomération du Niortais (AggloNiort), l’Architecte des Bâtiments de France des Deux-Sèvres (ABF), les habitants riverains…. « C’est un site compliqué. Nous sommes dans le cœur névralgique de notre village, » a ajouté Mme Guichet. « Un point très fréquenté où il est difficile d’entreprendre des travaux. »
Le projet
Très vite la maire a donné la parole à Mme Camille Dolfus agent d’étude chez DCI Environnement. Laquelle a tracé les grandes lignes du projet à partir de l’histoire des lieux, puis présenté le calendrier et l’organisation des travaux.
D’entrée, Mme Dolfus a signalé que les architectes de DCI Environnement ont tenu compte du « regard prononcé » de l’ABF, accompagné du PNR, sur la logique d’installation de ce quai. « Au départ du projet, l’ABF avait insisté sur l’histoire de ce site, notamment sur les différentes rues perpendiculaires au Quai ». Dont les rues de la Pêchoire et de la Douve, « d’anciennes voies d’eau qui épanchaient les fluctuations du marais en fonction des saisons. » Pour l’ABF, « l’important est de retrouver cette lecture qu’on pouvait avoir à la fois des cales et à la fois de ces rues d’eau coulant en profondeur dans le tissu urbain de Coulon. » Les intervenants ont travaillé « sur l’idée de prolonger ces voies sur le quai avec un calepinage particulier. L’idée était aussi de retrouver un calcaire d’une bonne tenue qui ne soit pas trop gélif, qui tienne dans le temps. De plus, il s’agissait de guider les eaux pluviales vers la Sèvre. » Le tout en utilisant la pierre, au maximum.







Ci-dessus, les trottoirs seront supprimés et la pente sera accentuée pour évacuer l’eau pluviale vers le fleuve. Photos Gilles Petit
Mme Dolfus poursuit son exposé : « Il ne passe pas de véhicules lourds, car de toute façon c’est trop exigu. Par contre, nous trouvons beaucoup de chemins pédestres, d’embarcadères, donc beaucoup de monde l’été sur ce tout petit quai qui ne dépasse pas sept mètres de largeur voire huit mètres au mieux sur l’ensemble du linéaire. Actuellement, ce quai est emprunté en sens unique par les voitures, principalement riveraines. Enfin, il existe 28 accès entre le quai et les arrières des rues. C’était une gageure d’essayer de rendre piétonnier ce quai tout en conservant l’activité nécessaire pour livrer les hôtels, les commerces et desservir les riverains. »





Le mobilier dit de confort installé par des Coulonnais au fil des années sera déposé et remis en place. Photos Gilles Petit
Les véhicules entrent principalement sur les quais par la rue de la Douve, située à l’est du site et peuvent sortir par deux rues échappatoires : les rues du Château-bas et du Port-aux-Moules. Côté stationnement, « sur les dix-huit places actuelles, nous en avons gardé seize dont deux réservées aux Personnes à Mobilité Réduite, localisées entre la rue de la Pêchoire jusqu’au pont de la route départementale (RD) ». Par ailleurs, les architectes ont décidé de « ne pas reprendre les aménagements de la Place de la Coutume. Ce serait vu dans un deuxième temps pour une question de budget. » Seuls les arbres manquants seront replantés et quelques points liés aux secteurs voisins.







Seront également conservés les éléments patrimoniaux, comme ces pierres charretières et ces bornes kilométriques et hectométriques qui jalonnent le halage au départ de Port-Boinot à Niort jusqu’à Marans. Photos Gilles Petit
Concernant les travaux, il a été établi cinq secteurs d’intervention distincts. Le premier secteur va de l’entrée du site, depuis la plaine de l’Autremont, jusqu’à la rue du Port-aux-Moules. Le deuxième secteur constitue la place de la Coutume. Le troisième secteur va du pignon d’une maison côté est de la place de la Coutume jusqu’à la rue de l’Église. Le quatrième secteur rejoint la ruelle du Four. Le cinquième secteur terminera les travaux jusqu’à l’escalier situé sous le pont de la RD. Comme les engins ne pourront entrer et sortir du quai Louis-Tardy que par la rue de la Douve, l’entreprise Colas débutera les travaux par le secteur le plus éloigné de cette rue, à savoir le premier secteur. Elle procèdera donc à reculons par secteurs pré-cités après avoir complètement achevé le secteur précédant.
(Photos ci-dessus : côté ouest à gauche, côté est à droite) Sur ces deux extrémités du projet (premier et dernier secteurs), le sol recevra un « stabilisé renforcé finition façon sable » pour rappeler le chemin de halage harmonisé avec les limites du projet.

Hormis les extrémités, DCI Environnement a décidé, en accord avec l’ABF, de traiter la chaussée du quai en enrobé grenaillé au lieu d’un enrobé façon noir. « Il est sablé fortement et donc éclairci et poreux aussi », précise Mme Dolfus. « Nous avons décidé de travailler sur du calcaire avec la pierre de La-Tieule qui est une pierre calcaire des plus résistantes qui soit, qui vient de Lozère. C’est donc une pierre du Massif Central pas du tout gélive et très belle. Elle peut prendre des teintes grisées, elle n’est pas trop jaune. Elle peut rappeler aussi l’eau. » Ces « agrafes de pierre calcaire » disposées sur quatre ou cinq rangs matérialiseront, entre autres, les anciens trottoirs. Les cases de stationnement existantes seront maintenues et délimitées par des clous enfoncés dans le sol. Les riverains espèrent que les véhicules respecteront ces cases car ils craignent que l’absence de trottoirs les incite à se coller contre les façades.

Les rebords des bâtiments seront retravaillés et les services techniques de la commune entendent élaborer une prairie fleurie à certains endroits. Des semences qui présenteront au moins quarante à cinquante espèces de palettes de plantation suivant les saisons. « Mais on ne plante pas côté rivière. Pour le paysagiste-conseil comme pour l’architecte des bâtiments de France, » ajoute Mme Dolfus, « le Quai Louis-Tardy n’a jamais été planté en arbre, ils veulent rester sur quelque chose de très ras pour que le regard passe. »
On notera aussi que le quai n’a jamais eu de cabanes d’embarcadères. Ces verrues hideuses, dont le projet ne parle pas, qui brisent l’harmonie recherchée.
Une exception toutefois, « le seul arbre, un frêne malade existant sur le quai [hormis ceux qui abritent la billetterie de la place de la Coutume, puisqu’il n’y a pas d’intervention sur ce secteur] sera remplacé par un joli sorbier domestique. » En effet, cet arbre a une histoire, il avait été planté en l’honneur de l’ancien tenancier du café La Pigouille.

Le mobilier dit-urbain sera contemporain mais fin à coloris plutôt taupe, avec « de vrais parkings vélo dignes de ce nom. » Il y aura peu de corbeilles de rue afin d’inciter les touristes à repartir avec leurs déchets.
Il sera installé un éclairage public aux diodes électroluminescentes (LED) à intensité variable en fonction des passages des usagers pour éviter la pollution nocturne et économiser l’électricité (Onze lanternes sur les façades, cinq lanternes sur mâts). Ceci en adéquation avec les « éclairages qualitatifs » de façade autour de l’église. Des lumignons seront insérés sur une des mains courantes de la passerelle. Enfin, les gros globes des bornes d’éclairage des berges seront remplacés par un système à LED encastré, donc plus discret.
Photos Gilles Petit
« La piétonisation de ce quai nécessite un accès contrôlé », estiment les élus coulonnais. Des bornes à clé prisonnière semi escamotables ? Des bornes automatiques ? Des barrières à roulettes motorisées ou non ? On verra. Pour le moment, les habitants se posent d’autres questions : Est-ce que des commerces doivent fermer pendant les travaux se demandent des professionnels ? Qu’en est-il des nuisances notamment sonores et du stationnement pendant les travaux ? Où seront les points de collecte des ordures ménagères et de tri ? Où passeront les circuits vélos dont la Vélo Francette ? Quel sera l’impact sur les constructions ? Pour répondre à cette dernière question un huissier est passé dans les maisons riveraines chargé de constater l’état des bâtisses avant le début des travaux de requalification des espaces publics et mise en piétonisation de l’ensemble du Quai Louis-Tardy à Coulon.
Gilles PETIT