Mois: avril 2023

COULON (79): Une mise en lumière imagée

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Sur les dix communes deux-sévriennes engagées dans les Petites Cités de Caractère, seules Celles-sur-Belle, Coulon, La Mothe-Saint-Héray, Melle, Saint-Loup-Lamairé et Chef-Boutonne participent à l’opération « mise en lumière ». Rencontrée à Coulon, la conceptrice lumière Soizick Bihen explique la démarche.

L’église de la Sainte-Trinité de Coulon bénéficie d’un éclairage spécifique dans le cadre des petites Cités de Caractère. Photo Gilles PETIT

« Il s’agit d’un projet initié par le Département des Deux-Sèvres », explique Mme Soizick Bihen. « Un concepteur lumière, Roger Narboni, de l’agence Concepto, a été missionné pour visiter toutes les Petites Cités de Caractère. L’équipe de l’agence a fait une esquisse de ces communes qui voulaient participer au projet « mise en lumière ». Par la suite, plusieurs autres concepteurs lumière ont été missionnés. Personnellement, j’ai eu la chance d’être sélectionnée par la ville de Coulon. »

Mme Bihen : « Je viens de Montmorency à côté de Paris. Je suis à la fois parisienne et bretonne. A Coulon, j’ai travaillé sur l’idée d’avoir une église éclairée en douceur, un peu dorée. Ici, seules la végétation et la faune présentes dans la région sont projetées au sol ou sur des murs. Nous trouvons pas mal d’insectes, une libellule, un héron. J’ai proposé différents tableaux aux élus coulonnais, comme ces nénuphars avec une libellule. Nous avons aussi une petite grenouille qu’il faut trouver cachée à proximité de l’église, ainsi que les ondulations de l’eau sur la rivière. Côté mairie et siège du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin, nous avons un brochet, un héron, un immense arbre au pied d’un parterre de roseaux. »

De nombreux projecteurs

La place de l’Eglise de Coulon est équipée de treize projecteurs diffusant chacun une image différente fabriquée à partir de gobos. Venant de l’anglais « goes before optics », un gobo est une plaque, souvent métallique, possédant des ajours, destinée, une fois placée devant un projecteur spécifique, à créer des dessins lumineux lors de spectacles.

Selon la conceptrice lumière, « les gobos pourront un jour changer selon l’envie. Dans les Petites Cités de Caractère, ces gobos sont fixes, ils ne sont donc pas en mouvement. Cette conception, très calme, est vraiment très économe en énergie. Nous avons aussi changé des lanternes d’éclairage public au profit de Diodes Électroluminescentes (LED). Je ne sais pas si vous avez vu, tout à l’heure il y avait deux éclairages à l’intérieur de chaque lanterne. La partie décorative en haut s’allume d’abord, et, à partir d’une certaine heure, elle baisse d’intensité, jusqu’à s’éteindre. La partie basse constitue l’éclairage public qui, lui aussi, diminue progressivement avant de couper à 23 heures. En changeant l’éclairage public et en mettant des projecteurs, nous avons moins de consommation, environ 47% de gagnés, que les lanternes précédentes. Même en proposant des appareils en plus, nous avons moins de consommation. Tout est en LED, les lanternes, les projecteurs gobos et les projecteurs façade. Nous ne travaillons plus qu’avec ça.« 

L’église

« Sur l’église, l’intérêt est de travailler avec différentes températures de couleurs, de 2 200° Kelvin à 4 000° K. Le clocher et l’horloge sont beaucoup plus froids que la petite porte latérale qui, elle, est plus dorée. Les lanternes disposées autour de la place reprennent les ondulations types dessinées spécifiquement pour Coulon. Le fabriquant propose ce genre de lanternes à toutes les Petites Cités de caractère concernées avec une découpe du cache différente. L’idée était de ne pas trop éblouir sur les façades avec un treillage beaucoup plus dense côté façade que côté rue, chaussées et trottoirs. Garder les lanternes d’origine aurait été plus énergivore d’autant qu’elles éclairaient dans tous les sens. On peut les adapter en LED mais il faut avoir vraiment une bonne optique car, en fait, il y a LED et LED. Il y a des LED qui rayonnent dans tous les sens et des LED avec collimateurs qui permettent d’éclairer ce que l’on veut éclairer. C’est ça le métier de concepteur lumière, c’est d’éclairer là où il faut. »

Photo Gilles PETIT

Cette mise en lumière ne constitue pas un éclairage de spectacle. On peut imaginer des vues projetées s’animer en tous sens individuellement. Ce n’est pas le but. D’autant qu’il faudrait installer un automate de commande pour un coût impressionnant.

« Dans les Petites Cités de Caractère, nous n’avons pas touché aux câbles d’éclairage public existants. Il fallait que le projet entre dans le budget. Il est important, mais je pense qu’il existe des solutions qui permettent d’évoluer aussi dans le temps. On ne fige pas les choses. Bien sûr, il est possible de changer l’image de chaque projecteur gobo. Un gobo vaut 150 €. Les projecteurs, eux, sont en place et on les garde. On est tranquille », conclut Mme Soizick Bihen.

Gilles PETIT

MAGNE : les œuvres de Laurent Page ouvrent la saison culturelle 2023 du Four Pontet

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L’association « Les Amis du Four Pontet » lance son programme d’expositions 2023. . . au Four Pontet à Magné (79). Les œuvres de l’artiste Laurent Page ouvrent la saison. A cette occasion, la famille du « sculpteur de scènes de vie », disparu en 2007, lui a rendu un émouvant hommage.

Cette ancienne « fabrique mécanique de pots à fleurs et de pots à résine », de M. Armand Pontet, le « spécialiste de la poterie pour le lait », a cessé sa production en 1980. A l’abandon, ce four fut racheté par la Commune de Magné en 1988 afin d’en garantir la préservation. Restauré en 1994, le Four Pontet est aujourd’hui un lieu permanent de réception et d’exposition. L’espace culturel du Four Pontet paraissait bien petit, vendredi 31 mars 2023, à la séance d’ouverture de la saison 2023, pour accueillir la famille et les amis de Laurent Page, ainsi que les artistes qui exposeront au fil de la saison.

Laurent Page a, notamment, sculpté des scènes de vie dont, en septembre 2003, « les raisins de la colère » (photo ci-dessus). Il s’agit d’un groupe sculpté en bois de tilleul polychrome. L’auteur raconte ainsi l’histoire de son œuvre : « Dans les années 30, aux Etats-Unis, des milliers de petits paysans ruinés par la crise, devinrent ouvriers agricoles sans domicile fixe. Plus que la précarité ou la misère, ils durent souvent se battre pour leur dignité. »

Le président des « Amis du Four Pontet », M. Thierry Larrat et son équipe, recevront, cette année, vingt-neuf artistes pour treize expositions différentes. Voir le programme 2023 en fin d’article. M. Larrat : « Nous allons avoir un éclairage tout neuf qui permettra de mieux mettre en valeur les réalisations des artistes qui vont exposer. Nous débutons la saison par un hommage à Laurent Page qui est décédé en 2007. Laurent a été un ami de Jean-Claude Daroux, l’artiste magnésien disparu début janvier 2023. » Le Four Pontet rendra aussi hommage à Jean-Claude Daroux lors de la dernière exposition en fin de saison, du 5 au 18 octobre 2023.

Jusqu’au 12 avril 2023, le Four Pontet propose une « rétrospective Laurent Page ». Aidée par les bénévoles de l’association organisatrice, sa femme Marie a souhaité ressortir plusieurs de ses nombreuses sculptures.

Mme Marie Page : « Le lieu est magique. Il a exposé ici la dernière fois en avril 2007. J’aimerais vous faire part de quelques réflexions. C’est Laurent qui parle : Tout ce que vous voyez autour de vous n’est que pure illusion. Oh bien sûr, tout ce que vous voyez ici a un poids, une dimension, des matières faciles à identifier. L’artiste, avec ses gestes un peu magiques, utilise cette réalité bien concrète du bois sculpté, de la couleur sur de la toile. Il les transforme avec son métier et son art. On lui demande de transfigurer la réalité, d’être un peu voyeur parfois, de passer de l’autre côté du miroir. Cette illusion est bien fragile comme le tour d’un magicien qui ne tiendrait qu’à un truc et serait facile à deviner. Tout ne tient qu’à une illusion, comme le cinéma nous raconte des histoires. Il nous aide à visualiser ou à évacuer des rêves inassouvis, ou encore la musique qui nous transporte dans un autre univers inventé de toute pièce. Cet équilibre instable n’est conforté que par le métier, le respect de certaines proportions et règles, une observation attentive, une curiosité et une certaine capacité d’apprendre et d’écoute.

« Quelle importance attend-on de cela ? Ce ne sont que quelques bouts de bois avec un peu de couleurs. Face aux priorités de notre temps, le besoin de consommer ou de plaire, mais aussi et surtout, le besoin de nécessaires combats pour la dignité des chances et l’éducation pour tous, pour la lutte contre les souffrances et les maladies, on réserverait trop facilement à l’art leur fonction d’embellir le quotidien, de produire des éléments de décors, un peu d’insignifiance. Qu’on est loin d’un véritable projet pour aujourd’hui. Quelle difficulté pour l’art contemporain, et pourtant, je pense que l’artiste a un rôle irremplaçable dans notre société, dans le débat actuel, dans le besoin de spiritualité et de valeur pour notre époque un peu folle. On lui demande de temps en temps de donner du sens à ce qu’il montre, d’être à la hauteur des enjeux contemporains. Vous comprenez maintenant la difficulté pour tout créateur d’exister entre utilitaire et rêve.« 

Laurent Page aurait pu également déclarer par la voix de Marie :

« Je suis créateur depuis l’âge de 10 ans. A cette époque, je dessinais déjà très bien, mieux que la plupart des gens, mais mon langage était brouillon. Je peinais à ordonner ma démarche, mais je savais déjà un peu ce que j’aurais à dire. Et ça fait quarante ans que ça dure. Les artistes ne sont probablement qu’un tout petit rouage dans la mécanique complexe des grandes horloges de notre société. Nous sommes un peu comme des enfants. On a assez peu de considération pour eux, et pourtant, je pense que nous sommes indispensables en tant que veilleur ou observateur, avec ce regard différent du spectateur engagé. J’espère donc que ce chemin de création sincère et authentique nous amènera à partager avec moi quelques émotions, sensations et réflexions. Je vous emmène dans mes histoires avec la démarche d’un homme libre et responsable. Avec mon métier, j’ai décidé d’ausculter la vie avec le matériau de prédilection, le bois, un grand matériau d’expression, de faire avec lui une sculpture utile à vivre et à rêver. »

« Merci Laurent pour toutes ces créations, sincères, authentiques, indispensables, » a ainsi conclu Marie Page.

Lors de l’inauguration de l’exposition rétrospective du travail de Laurent Page, le maire de Magné, M. Gérard Laborderie a simplement remarqué : « Les œuvres que nous avons sous les yeux sont formidables. Quand on pense que tout ça démarre par un bout de bois, il faut beaucoup de talent pour arriver à faire de magnifiques choses qui sont exposées ici aujourd’hui. »

Espace culturel du Four Pontet, 5 Quai de la Sèvre 79460 Magné

Courriel : fourpontet@magneculture.fr

Internet : http://www.magneculture.fr

Le programme des expositions – ventes 2023

Gilles PETIT (Photos)