Pays de la Loire
TOURISME FLUVESTRE : Niort et Marans « Au bout du Marais » sur la Sèvre Niortaise
L’agence Pamplemousse by Kapalouest va gérer les locations des deux bateaux habitables électriques financés par les pouvoirs publics. L’IIBSN (Institution Interdépartementale du Bassin de la Sèvre Niortaise) va héberger les bureaux d’accueil et administratif de la section deux-sévrienne de cette entreprise rochelaise dans une partie de ses locaux réaménagés en Capitainerie, sur le Quai de Belle-Ile à Niort (Deux-Sèvres).

Selon son maire, et président de Niort Agglo, M. Jérôme Baloge, « la ville de Niort et les Deux-Sèvres ont enfin une capitainerie. Elle est belle et surtout elle est à Niort. C’est par fierté qu’elle rappelle à quel point notre rivière est un fleuve, certes méandreux, qui constitue ce formidable parc naturel du Marais Poitevin. Son itinéraire est très peu direct, mais tout à fait charmant vers la mer. Et là se réalise un vieux rêve pour les Deux-Sévriens et les Niortais, à savoir retrouver une Sèvre pleinement navigable et de pouvoir naviguer de Niort vers la mer. Un bel exercice de coopération. C’est un projet qui rentre pleinement dans le projet cœur de ville. »

Tous les financeurs [3 EPCI, les départements 79-85-17, les régions Pays-de-la-Loire et Nouvelle-Aquitaine, le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin et l’IIBSN] du projet de tourisme fluvial et fluvestre sur la Sèvre Niortaise étaient présents à la réception des locaux de la Capitainerie mis à la disposition de l’agence Pamplemousse by Kapalouest, lançant ainsi l’opération « Au bout du Marais ». Nous vous invitons à consulter notre précédent article qui retrace la genèse de l’opération, au lien suivant :

La capitainerie est installée dans les anciens locaux occupés par le personnel d’exploitation de l’IIBSN. Le bâtiment a été conservé en gardant la structure porteuse, et en l’isolant par l’extérieur. Cet espace est désormais dédié à l’accueil du public, mais aussi à l’administration de l’antenne locale de l’agence Pamplemousse qui bénéficiera d’un loyer modéré. Ses façades largement ouvertes favorisent le lien recherché entre l’intérieur et l’extérieur, à savoir, entre l’eau et l’espace d’exploitation.
Un autre bâtiment voisin hébergera l’atelier du service de réparation, mais aussi le matériel et les employés de l’IIBSN chargés de la lutte contre la jussie. Contiguë, une salle rassemblera les archives de l’IIBSN, lesquelles sont disséminées un peu partout dans des communes du marais. Enfin, une salle de réunion toute équipée offrira une large ouverture sur le Quai de Belle-île, les points d’ancrage des futurs bateaux et la Sèvre Niortaise. Ces locaux qui bénéficient de commodités adaptées aux personnes à mobilité réduite, seront mis aussi à disposition des autres collectivités. On notera que le parking fermé sera partagé entre le personnel de l’Institution et la clientèle de la Capitainerie.

Mme Séverine Vachon, présidente de l’IIBSN explique : « Depuis mars 2020, l’IIBSN a procédé à l’aménagement de la Capitainerie. Cet outil majeur était la propriété de l’État depuis le XIXè siècle dans le cadre des grands travaux de navigation décrétés en 1808. La construction de la capitainerie de Niort est une pièce centrale de la mise en œuvre du tourisme fluvial. Elle a été précédée d’un vaste programme de réhabilitation des ouvrages de régulation et des écluses permettant cette navigabilité. [ndlr : l’IIBSN gère 683 km de voies d’eau dont 100 navigables, 7 grands barrages, 33 barrages télégérés, 14 écluses, 70 ponts, et trois centres d’exploitation] Les bâtiments sont propriétés de l’IIBSN depuis le transfert du domaine public fluvial par l’État. Le site du Quai de Belle-île abritait un ensemble de bureaux techniques, un ancien atelier de chaudronnerie, de menuiserie et de mécanique, activités déportées aujourd’hui à Marans pour une grande partie. Le 15 février prochain, la Capitainerie accueillera l’agence Pamplemousse by Kapalouest comme concessionnaire du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin pour la location de bateaux habitables. Des itinéraires de croisière fluviale sur la Sèvre Niortaise seront possibles et Niort sera le port d’accueil, base de départ et d’arrivée de ces bateaux. Une autorisation d’occupation temporaire du domaine public fluvial sera délivrée en février pour une durée de cinq ans. Cette autorisation comprendra les loyers de la capitainerie et l’ancrage stable des bateaux au port. »
Les travaux, 634 985 € TTC, ont été financés par l’État et la région Nouvelle-Aquitaine à 25 % chacun, par le Département des Deux-Sèvres et par l’agglomération niortaise, à raison de 20% chacun, 10% restant à la charge de l’Institution.
MM. Vachon conclut : « Nous sommes un territoire d’eau et de nature avec un Parc Naturel Régional, seconde zone humide de France. C’est une richesse pour notre territoire. Les collectivités toutes sensibilités confondues ont adhéré à ce projet. Il était de notre devoir d’y participer. Les travaux arrivent à leur fin avec la finalisation des pontons pour le compte des communautés de communes ou encore la mise en place de la signalisation fluviale sur la Sèvre qui est le fait de l’Institution. Demain, l’IIBSN se positionnera aussi auprès des collectivités, propriétaires des bateaux, pour assurer les interventions de premier niveau auprès des usagers et sera un interlocuteur incontournable pour l’opérateur Pamplemousse by Kapalouest, notamment. Nous envisageons aussi la modernisation du centre de contrôle courant 2023 ainsi que la restauration et la sécurisation du site. Nous nous ouvrirons davantage au public. Cette belle ambition, je suis ravie de la partager ensemble et 2023 sera certainement une première étape pour le tourisme fluvial sur le territoire. »

Mme Anne Colson, directrice commerciale Agence Pamplemousse by Kapalouest : « Nous avons plusieurs entreprises familiales à La Rochelle. Nous faisions jusqu’à présent essentiellement de la location de bateaux à voile sur la mer, depuis 1985. Nous avons remporté l’appel d’offres pour ce projet d’exploitation de location de deux pénichettes électriques sans permis sur la Sèvre Niortaise qui va porter le nom « Au bout du Marais ». C’est le nom commercial de cette nouvelle activité pour nous.
Pourquoi ? Il faut savoir que mes grands-parents ont habité Coulon, personnellement je réside au sud du Marais Poitevin. C’est une région que l’on connait. Mes activités m’appellent sur La Rochelle, mais mon lieu de vie est déjà sur le Marais. Développer une activité sur le Marais semblait une évidence. Nous avons beaucoup de clients niortais déjà aujourd’hui. Nous sommes adhérents à l’Office de Tourisme de Niort depuis de nombreuses années. Quand nous avons entendu parler de ce projet, naturellement il nous a intéressé. C’est notre métier, même si c’est du fluvial. Le projet est très attendu de la part des Niortais et des locaux. Il y a beaucoup de gens qui vont prendre contact avec nous juste en sachant que c’est enfin lancé. Il y a une grille de tarifs [ndlr : locations une semaine 2 100 € ; un week-end 600 € ] et un site internet http://www.auboutdumarais.com. Au moins une personne sera basée à la Capitainerie. Notre équipe de La Rochelle viendra en soutien de l’activité à Niort, si nécessaire. Le pari est d’être présent sur les deux sites. Nos locaux sont d’abord à Niort car c’est la nouvelle Capitainerie de l’IIBSN qui les fournit avec les contrats des bateaux. Des locaux à Marans ne sont pas d’actualité. Le bureau étant à Niort, les bateaux seront basés à Niort parce qu’il leur faut un point de stationnement. S’il y a des demandes de clients situés à un autre point du parcours, on peut tout à fait imaginer un tel format. On peut aussi imaginer qu’un client ait fait un one-way de Niort à Marans et que le client suivant le prenne à Marans pour le ramener à Niort. Nous n’entendons pas forcer des départs de Niort. C’est une activité nouvelle qui va se développer sur un parcours assez court en terme de temps et en terme géographique donc tout l’enjeu va être vraiment d’encourager les voyageurs à passer au moins la moitié de leur séjour à terre, à débarquer, à aller faire des activités, à aller dans les restaurants, dans les boutiques, etc. Déjà on sait que c’est une attente au niveau politique mais c’est aussi un intérêt économique pour nous. Plus les gens vont débarquer, profiter de la destination à terre, plus ils vont être encouragés à faire des séjours plus longs. Tout cela va aussi dépendre de l’accueil des acteurs locaux. Si l’activité est rentable dès cette année, nous serons ravis. La location fluviale est une découverte. C’est toujours une prise de risque de développer une nouvelle activité. Un risque calculé. Deux bateaux, ça ne fait pas beaucoup, mais à terme quand on aura amorcé la pompe et vu les produits qui plaisent, on peut envisager d’en acheter d’autres. »
Les bateaux

L’agence Pamplemousse détaille ainsi les bateaux jumeaux qui sillonneront la Sèvre Niortaise : « les premiers navires de la flotte, qui auront pour nom Kifanlo et Helios, sont des « ZenRiver », des bateaux habitables en aluminium à propulsion 100 % électrique. Conçus par l’architecte Hugo Lauras de l’entreprise Naviwatt, et réalisés par le chantier Alubat et ses prestataires. Utilisables sans permis, ils accueilleront en navigation jusqu’à douze passagers et disposent de quatre couchages fixes et deux couchages d’appoint. Ces bateaux sont équipés de quatre batteries Lithium, à savoir, deux batteries qui alimentent le moteur de 10 KW se rechargent uniquement à quai ; les deux autres qui alimentent les éléments de confort du bord sont alimentés par les panneaux solaires installés sur le toit. » Chaque halte nautique proposera deux emplacements d’amarrage équipés de deux bornes de recharge électrique, d’un accès à l’eau potable et d’une station de vidange des eaux usées.





Séverine Vachon : « C’est intéressant de se dire que finalement on porte tous ensemble un projet de tourisme fluvial au départ de Niort. C’est un projet extrêmement ancien qui était initialement porté par les deux départements de Vendée et des Deux-Sèvres. Il se trouve que depuis quelque temps, c’est le Parc qui a repris la main pour redynamiser l’ensemble, mettre tous les partenaires autour de la table. Et au bout de quelques années, on s’aperçoit que finalement on arrive à mettre fin au blocage qui pouvait exister. On arrive à créer ensemble quelque chose dans l’intérêt du Marais, pour son développement tout en le préservant, car ce sont des bateaux électriques. »
Une croisière inaugurale aura lieu le 20 avril 2023. Dès lors, les deux bateaux électriques seront disponibles à la location.
Gilles PETIT
Le bureau d’accueil sera ouvert des mois d’avril à septembre inclus.
Contact : Capitainerie du Port-Boinot Quai de Belle-Île 79000 NIORT
Tél. : 05 46 44 97 67 (à La Rochelle)
infos@auboutdumarais.com
MARAIS POITEVIN : A Amuré (79), une chaîne humaine pour dire « Bassines, Non Merci ! »
Samedi 11 novembre 2017 dans la plaine d’Amuré, une commune du Marais Poitevin des Deux-Sèvres, environ 1500 personnes ont formé une chaîne de 1,7 km autour d’une parcelle de 18 hectares. Pourquoi ? Protester contre le projet de construction de 19 « réserves de substitution » destinées à l’irrigation.
« Dans ce contexte de gestion collective, le Parc considère que les réserves de substitution sont utiles d’un point de vue économique, qu’elles concourent à la préservation de la zone humide, et qu’elles sont l’occasion de promouvoir une agriculture plus vertueuse tenant compte des enjeux environnementaux », telle est la conclusion du communiqué transmis aux médias le 10 novembre 2017 par M. Pierre-Guy Perrier, président du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin et vice-président de la Région des Pays de la Loire. Cette position fait suite aux récents accords sur ce sujet des préfectures de Vendée, Deux-Sèvres et Vienne, puis de la décision de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne d’envisager une aide publique de 28 millions d’euros.
L’histoire se répète dans cette pointe orientale du Marais Poitevin. Après un projet autoroutier, l’implantation d’un incinérateur de déchets ménagers, . . . , un nouveau collectif s’est formé. Sous la bannière « Bassines, non merci ! », ce collectif citoyen s’élève contre la construction de dix-neuf retenues d’eau de substitution dont quinze en Deux-Sèvres, deux en Charente-Maritime et deux dans la Vienne.
Différents mouvements et associations ont rejoint ce collectif citoyen. « On a vraiment demandé aujourd’hui à ce que les appartenances des uns et des autres ne figurent pas, » précise M. Julien Le Guet, l’un des coordinateurs du collectif. « Des partis politiques sont clairement opposés aux projets de bassines sans ambiguïté. Ils ont communiqué dans ce domaine-là et ils ont joué le jeu. »
De quoi parle-t-on ? C’est un projet de réserves artificielles. D’immenses ouvrages en plein milieu de la plaine céréalière consistant à décaisser sur cinq mètres de profondeur le calcaire, récupérer tous les gravats pour faire des buttes en périphérie, avec des digues de dix mètres de haut, le tout pour stocker de l’eau. Tout l’argumentaire des porteurs du projet est de dire qu’on prendra l’eau en hiver de manière à ne pas taper dans la nappe phréatique en été.
M. Le Guet explique : « C’est le principe de la substitution. Principe qu’on révoque largement parce que nous sommes tout à fait conscients que le volume global prélevé sera supérieur à ce qu’il est aujourd’hui. Donc ce n’est pas une substitution. Et, à ce titre-là, l’Agence de l’eau ne devrait jamais financer un tel ouvrage. Le communiqué de l’Agence de l’eau prétend parler d’un projet d’intérêt général quand il ne concerne que 10% des 11% des irrigants du Poitou-Charentes. On est vraiment dans un projet qui va coûter très très cher pour une minorité. Nous avons pris conscience aujourd’hui de l’énormité du financement de ce projet très local. Le budget global de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne est de 65 millions d’euros. Sur ces 65 millions d’euros, pour 2018, 28 millions d’euros sont ciblés sur les dix-neuf réserves de substitution. Ça veut dire qu’il ne va pas rester beaucoup d’argent pour la protection des captages d’eau potable. Ça veut dire aussi qu’il ne va pas y avoir beaucoup de fonds pour permettre d’aller vers une agriculture si ce n’est raisonnée au moins raisonnable. Et on essaie de nous faire croire rétroactivement qu’on va réussir à imposer des cahiers des charges pour un mieux disant environnemental. L’Agence de l’eau commence à comprendre que l’écoconditionnalité est la condition sine qua non et obligatoire si on veut parler d’intérêt général. Ce qui est honteux aujourd’hui c’est qu’on essaie de dissocier deux problèmes qui sont les mêmes, à savoir, l’eau. Disons que d’un côté, on va gérer la quantité, l’autre côté on va gérer la qualité. En fait, avec les bassines, on va juste promouvoir les agricultures de plus en plus polluantes, ce qui va rendre la dépollution des eaux, notamment l’eau potable, de plus en plus chère ».
- Visible du ciel cette banderole crie : Quand le maïs prime, le marais déprime !
- Ce mât matérialise la profondeur d’une bassine, donc le niveau d’eau retenue. Soit cinq mètres sur 18 hectares.
« Nous ne savons pas comment l’Europe va prendre ça, poursuit le coordonnateur. Comment l’Europe va exiger à la fois que la France respecte la Loi sur l’eau et l’objectif d’atteindre des rivières en bon état écologique en continuant à financer ce type d’exploitation agricole. On met toujours en avant des projets vertueux. Il y en a quelques uns au sein des porteurs de bassines, c’est portion congrue. L’essentiel, on le sait bien, c’est pour faire du maïs grain. On met en avant le soutien aux éleveurs, c’est moins de 10% du maïs qui sera fait sur ces bassines qui seront consacrés au maïs d’ensilage. On essaie de nous faire croire que ce projet permettra aux éleveurs de se maintenir. Au contraire, il va les étrangler parce qu’il n’y aura plus d’eau dans le marais, plus d’eau en été, et les prairies ne seront plus prospères. On essaie de nous faire croire que ce type de dispositif va permettre aux jeunes de s’installer. Allons faire l’analyse de ce qui s’est passé en sud-Vendée sur l’Autize. Voilà dix ans que des bassines voisinent cette rivière. Est-ce qu’elles ont vraiment permis l’installation des jeunes, ou est-ce qu’au contraire elles mettent en place des exploitations de 500 à 1000 hectares que seuls des géants peuvent reprendre ? Les porteurs de projets sont d’énormes exploitations qui transforment notre eau en quelques grains d’or, lesquels vont être mis sur le marché international. Donc là, le discours qui consiste à dire que c’est une agriculture pour nourrir le territoire, elle ne tient pas. »
- Malgré de fortes rafales de vent et une fine pluie intermittente, un autogire a pu immortaliser l’événement.
- Sur 1,7 km, les 1500 maillons de la chaîne humaine se sont allongés au sol afin d’être plus facilement vus du ciel.