Sansais-La Garette
Incendies en Kabylie, Agir-Algérie79 mobilise les « colibris »
En Algérie, depuis le 9 août 2021, la Kabylie est dévastée par des incendies d’une rare violence. Pour aider les sinistrés à se reconstruire, M. Rabah Laïchour appelle les « colibris » à rejoindre l’association Agir-Algérie79.

Créée par M. Rabah Laïchour, ancien maire de la commune de Sansais-La Garette (Deux-Sèvres, France) et ancien conseiller départemental des Deux-Sèvres, l’association Agir-Algérie79 lance un appel aux bonnes volontés pour que « chacun fasse sa part » comme dans la légende amérindienne du colibri, ainsi racontée par M. Pierre Rabhi (né en 1938 à Kenadsa, en Algérie, M. Pierre (Rabah) Rabhi est essayiste, romancier, agriculteur, conférencier, écologiste français et fondateur du mouvement Colibris) : « Un jour, dit la légende, il y eut un incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : Colibri ! Tu es fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! Et le colibri lui répondit : je le sais, mais je fais ma part ! »
M. Rabah Laïchour : « Je suis l’homme de nulle part qui va n’importe où. Je suis un citoyen du monde. Mais j’ai quand même des racines, des origines. Je suis d’origine berbère, de Kabylie en Algérie ! » Ses activités professionnelles l’ont conduit en Finlande, Italie, Belgique, Allemagne, puis il se pose en France. Polyglotte, le Maraîchin d’adoption se dit « analphabète, parce que la seule langue qu'[il] ne maîtrise pas bien, c’est [sa] langue maternelle : le berbère. »
Création de l’association Agir-Algérie79
« Quand je peux aider autrui, je le fais, » affirme M. Laïchour. « Je fais partie de certaines associations, dont, récemment, lors du tremblement de terre à Haïti. Quand il y a eu le tremblement de terre en Algérie en 2003, j’avais créé une association Algérie-urgence 79 sur Niort avec d’autres amis. A l’époque, il n’y avait pas de COVID, on pouvait envoyer des denrées, des vêtements. La solidarité, quelque part, circule dans mes veines, mais je ne suis pas le seul, on est tous un peu comme ça. Et donc là, il y a eu malheureusement ces incendies ravageurs dont on ne connaît pas les origines. On n’en parle pas. On regarde seulement les conséquences. Les conséquences, c’est qu’il y a des morts, beaucoup de blessés, des brûlés, des habitations détruites. Le peu d’hôpitaux que compte l’Algérie sont débordés et manquent de médicaments. Et puis, la faune et la flore ont disparu dans le nord et l’est algérien, dont la grande et la petite Kabylie dans les montagnes du Djurdjura. De plus, le système de défense contre les incendies est rudimentaire en Algérie ».

« Pour que la vie reprenne, il faut d’abord s’occuper de ceux qui sont encore en vie. Des gens meurent tous les jours. On ne le dit pas assez. Il faut replanter des vergers d’oliviers, figuiers, cerisiers, abricotiers. Cette région produisait notamment beaucoup d’huile d’olives. Il faut acheter du bétail pour des petits paysans qui ont perdu leurs troupeaux. »
L’association assurera un suivi dès que « les choses vont redevenir normales, que les avions vont décoller, que les bateaux reprendront la mer, je proposerai à certains qui le veulent d’aller planter eux-mêmes leurs arbres », propose le président d’Agir-Algérie79.
Illustration ci-contre : M. Laïchour a beaucoup planté dans sa commune de Sansais-La Garette.
Photo Gilles PETIT
Comment peut-on aider les sinistrés ?
Comme il dispose de relais sur place, M. Laïchour s’est dit : « ce serait peut-être bien de monter une association pour collecter des fonds auprès de particuliers, d’entreprises, de collectivités. » Cet argent serait envoyé par des canaux sûrs, pour qu’ils arrivent vraiment à destination au dispensaire d’Aït Oumalou, à des médecins, au comité de village du Larbaa Nath Iraten dans la région de Tizi-Ouzou, à des petits agriculteurs . . .
Si les démarches auprès des services fiscaux aboutissent, l’association Agir-Algérie79 pourrait être reconnue à but humanitaire, permettant ainsi aux donateurs de déduire de leurs impôts une partie de leur don. Les chèques sont à libeller au nom de l’association Agir-Algérie79.
« L’urgence, c’est de sauver ce que l’on peut encore sauver ; c’est de reconstruire ce que l’on peut encore reconstruire », conclut M. Rabah Laïchour. « Donc j’essaie de faire un peu ma part comme dans la légende du colibri. Y a le feu, j’apporte une goutte d’eau pour essayer de l’éteindre. Plus il y aura de colibris, mieux ça sera. »
Propos recueillis par Gilles PETIT
Adresse : Agir-Algérie79, 9 rue du Bien 79270 Sansais
Tél. : 06 89 32 78 81
Courriel : agir.algerie79@gmail.com
LA GARETTE : des arbres solidaires pour aider SOS Préma 79
Un quart d’heure ! En un quart d’heure, des bénévoles de cinq structures ont planté une haie de 100 mètres sur le site du centre équestre La Maison du Cheval à La-Garette (commune de Sansais – La-Garette en Deux-Sèvres), samedi 1er février 2020. Une opération solidaire précédée par la plantation de « l’arbre de la fraternité et de la paix » : un chêne vert.
A l’occasion des 20 ans de La Maison du Cheval, l’association sportive Maraisthon, qui milite depuis dix ans pour une action sociale et solidaire, avait lancé, lors de son édition 2019, une opération « 5 € pour SOS Préma = 1 arbre planté dans le Marais Poitevin« . Cette moisson a permis de collecter 925 €, à ce jour. En collaboration avec la commune de Sansais – La-Garette, les associations SOS Préma, We are et Laponie Trophy 2020, l’opération, également soutenue par Territoria Mutuelle, a réuni une trentaine de planteurs de toutes générations.
Avant de se mettre au travail, les participants se sont rassemblés devant « l’arbre de la fraternité et de la paix », un chêne vert déjà mis en place par Alain Bertrand, le paysagiste magnésien qui a préparé le terrain et fourni les plants d’arbustes. Le maire de la localité Rabah Laïchour informe que le chêne vert est « un arbre très résistant qui nous arrive du Sud. Selon les spécialistes, vu le réchauffement climatique, cette essence s’adapte facilement à notre climat. C’est sans doute l’arbre de demain dans notre région. »
Puisqu’il est question de climat, nous soulignerons que les nuages ont retenu la pluie le temps nécessaire à la plantation de cornouillers sanguins, charmes communs, érables champêtres, troènes bulgares et aubépines, soit une centaine de plants sur cent mètres linéaires, protégés par une bâche biodégradable et un filet anti-rongeurs. Une clôture viendra compléter ces protections contre l’éventuel appétit des chevaux.
- Photos Gilles PETIT
Faisant suite à l’initiative du Maraisthon, Territoria Mutuelle a décidé de prendre à sa charge le coût de cette plantation. « C’est une action qui a du sens », a précisé son président M. Robert Chiche, « c’est une valeur réelle de pouvoir aussi associer le personnel à cette manifestation. C’est la première fois. La Mutuelle a voulu le faire avec ses salariés. »
Au nom du Maraisthon, son nouveau président M. Jean-Yves Saint-Céran a félicité Ludo, un adhérent handicapé de We are qui a gravi le Mont-Blanc en septembre 2019, car « il a relevé un défi où tout le monde est lié au-delà des différences dans l’esprit du sport. » Il a ensuite remercié M. Chiche, « je crois que quand les entreprises sont au service du bien commun et du respect des différences, nous souhaitions marquer la participation active de Territoria Mutuelle. » Par ailleurs, on notera que la commune de Sansais – La-Garette accueillera le prochain Maraisthon, le samedi 20 juin 2020, sur le site du Châtelet à La-Garette. Cette épreuve nature, 1er éco-marathon en France qui quittera donc Coulon, se déroulera sous une autre forme en une seule journée. « Et on espère bien pouvoir planter plein d’arbres et de haies », ajoute le président.
Mme Céline Caquineau et M. Emmanuel Messager représentaient SOS Préma. Ce dernier a rappelé que « cette plantation va aider au réaménagement de la salle parents en néonatalogie du Centre hospitalier de Niort, actuellement en travaux. Tous les dons collectés amélioreront le quotidien des parents dont le bébé est hospitalisé. »
Cerise sur le gâteau, l’association SOS Préma a reçu un tweet de sa marraine Clarisse Agbégnénou, la vice-championne olympique de judo, championne du monde et d’Europe, meilleure athlète française 2018 et 2019, qui est née prématurément à sept mois. Elle a écrit : « Vous savez que vous pouvez toujours compter sur moi. Certes, je ne peux pas être là physiquement mais je vous envoie des cargos et des cargos de forces et d’ondes positives ! Mais surtout gardez bien à l’esprit qu’en chaque préma naît un champion ! »
Gilles PETIT
VENISE VERTE : hommage et tournée estivale 2019 au Théâtre Roger-Blin de Coulon (79)
Le Théâtre Roger-Blin va rendre hommage à deux hommes, disparus l’année dernière, qui ont FAIT le TRB à Coulon : André Pignoux et Paul-André Maby. De nombreux artistes qui ont suivi et/ou accompagné ces deux personnalités du monde artistique seront présents samedi 20 juillet 2019. Musiques, chansons, textes. . . un programme éclectique sera proposé dès 18 heures dans le Parc de la Mairie de Coulon (Deux-Sèvres).
Basé à Coulon (dans le Marais Poitevin des Deux-Sèvres), le Théâtre Roger-Blin est une pépinière de jeunes talents. Fondée le 6 août 1984, cette association, régie par la Loi de juillet 1901, organise, toute l’année, des stages divers, des spectacles de théâtre, chansons, musique, lectures publiques. . . et, en saison estivale, des tournées de théâtre dans la Venise Verte. Cette année, la tournée sera ponctuée par une soirée hommage à André Pignoux et Paul-André Maby.
Pour cela, laissons la plume à Mme Cosette Pignoux, metteur en scène, l’autre pilier du Théâtre Roger-Blin :
André Pignoux
Paul-André Maby
Durant ce mois de juillet 2019, les comédiens amateurs du Théâtre Roger-Blin, accompagnés de troupes professionnelles invitées, interpréteront trois pièces alternativement sur les scènes des villages deux-Sévriens de Coulon, Arçais, La-Garette (commune de Sansais-La Garette), Bessines, Mauzé-sur-Le-Mignon, Magné et vendéen de Benet :
L’HABILLEUR de Ronald Harwood (21 heures : 16 juillet à Arçais, 19 juillet à La-Garette, 22 juillet à Bessines, 24 juillet à Mauzé-sur-Le-Mignon, 27 juillet à Coulon, 29 juillet à Benet et 31 juillet à Magné)
Véritable profession de foi dans l’art dramatique, « l’habilleur » ne cesse de mêler dans une savante mise en abîme, le théâtre dans le théâtre s’inscrivant dans la lignée de Shakespeare, Pirandello.
C’est un hymne à la persévérance qui se décline politiquement en résistance face à l’oppresseur et prend la forme du sacerdoce pour le comédien dévoué à Shakespeare et à sa compagnie. Beaucoup d’artistes caressent le rêve de mourir au plus fort de leur art; s’éteindre sur scène, de cette mort splendide, que s’offrit Molière; de la seule mort qu’accepterait celui qui, toute son existence, a mimé la vie. Mais cette fin-là serait pour le Maître un renoncement et il le fait, au contraire, et impérativement ne pas mourir sur scène mais se cacher, disparaître après avoir joué jusqu’à l’épuisement.
C’est la question que nous pose l’habilleur : où, pourquoi, comment, par quel moyen, par quel miracle continuer à créer, à trouver en soi et ailleurs la force, la volonté, la nécessité, l’étincelle de la création artistique; même dans la catastrophe; sans quoi le monde n’est plus que ce monde-ci et alors est-il vraiment supportable ?
Dans cette pièce, belle et humaine, qui a triomphé dans les trente et quelques pays où elle a tourné, cette écriture est d’un Grand Auteur.
Le maître, cet acteur, si égoïste soit-il, continue à ouvrir ici ou là, pour qui l’aperçoit, des fenêtres vers la liberté.
Par le théâtre nous pouvons avoir accès à un autre monde, et ce monde-là fait que nous pouvons supporter ce monde-ci même au cœur de la tourmente.
CENDRILLON de Joël Pommerat (21 heures : 17 juillet à Arçais, 18 juillet à Sansais, 21 juillet à Coulon, 23 juillet à Bessines, 25 juillet à Mauzé-sur-Le-Mignon, 26 juillet à Benet et 30 juillet à Magné)
Le metteur en scène livre ici sa version très personnelle du conte de Perrault. Loin des histoires de princesses qui rêvent au prince charmant, il se plonge au cœur de l’enfance et des questions tragiques qui la jalonnent parfois. Oubliés les oiseaux chanteurs et les couleurs pastel. Cendrillon est Sandra, une petite fille submergée par le deuil de sa mère, qu’elle tente de vivre comme elle le peut. Tous les éléments de l’histoire originale sont présents, mais détournés, chargés d’un sens différent qui lui donne un souffle radicalement novateur. Si Pommerat choisit d’axer sa pièce autour du deuil et de la confrontation d’une enfant avec la mort, il le fait avec assez de légèreté pour que les spectateurs se laissent aller à rire à de nombreux moments du spectacle. Émotion et humour sont au rendez-vous grâce à leur belle performance.
Le DÉFUNT de René Obaldia (17 juillet à Arçais, 18 juillet à Sansais, 21 juillet à Coulon, 23 juillet à Bessines, 25 juillet à Mauzé-sur-Le-Mignon, 26 juillet à Benet et 30 juillet à Magné)
Deux personnes se retrouvent pour évoquer le souvenir d’un homme décédé trois ans auparavant.
Qui était Victor? Qui sont ces personnes qui revendiquent son amour ? Confidence après confidence, l’oraison annoncée se transforme, de fil en aiguille, en révélations sur la véritable identité du mystérieux défunt, de cet homme si appréciable…
A la fois drôle, grinçant et absurde, le texte s’inscrit dans le registre de l’humour noir. Entre comédie et tragédie et derrière une apparente banalité, cette composition donne à voir les reflets de la folie et de l’abomination. Et si tout ceci n’était que duperie ?
Les mises en scène sont assurées par Mme Cosette Pignoux :
L’animatrice du Théâtre Roger-Blin conclut : « Il faut que les gens viennent découvrir ces pièces. J’aime bien que les gens soient critiques, qu’ils viennent dire après ce qu’ils ont ressenti ou pensé. Mais les gens n’osent jamais. On dit toujours que c’est bien, mais ça veut rien dire pour moi. Oui, les avis sont intéressants. C’est aussi aller plus au fond des choses. »
Le 28 juillet 2019 à 21 heures dans le Parc de la Mairie (ou dans la salle des fêtes selon la météo) de Coulon les compagnies invitées interpréteront « La désireuse » de Agnès Brion et « Le petit manuel du héros » de Julian Rouhet.
Renseignements et réservations : 05 49 35 91 42 ; 05 49 04 58 42 ; 02 51 51 96 27 Courriel : danypiveteau@gmail.com http://theatrerogerblin.jimdo.com
Gilles PETIT
MARAIS POITEVIN : Le lancement des Valeurs du Parc Naturel Régional
En organisant la première édition de la « Fête de la transhumance par bateau », le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin (PNR) a officiellement lancé sa marque « Valeurs Parc Naturel Régional », samedi 1er juin 2019 sur le site de l’ancienne scierie du village de La Garette à Magné (79). L’occasion de promouvoir, entre autres, le travail des éleveurs locaux et la viande bovine qu’ils produisent.
Les bovins du Marais Poitevin n’ont jamais connu de transhumance, du moins dans le sens littéral du mot. Selon un dictionnaire, la transhumance, du latin trans (de l’autre côté) et humus (la terre, le pays), est la migration périodique du bétail (bovidés, cervidés, équidés et ovins) entre les pâturages d’hiver et les pâturages d’été. Elle a pour objectif l’engraissement du troupeau, mais aussi sa reproduction. Elle se pratique sur tous les continents. Festive ou pas, elle remonterait au moins à 4 000 ans.
Dans le Marais mouillé du Marais Poitevin, le terme « transhumance » n’est guère approprié. Le site de La Garette a la particularité d’être constitué de petites parcelles de 5 à 10 hectares entourées d’eau couvrant les communes de Sansais-La Garette et Magné. N’étant pas accessibles par voie de terre, ces îlots n’étaient pas ou plus entretenus par leurs propriétaires respectifs. Face à la friche qui gagnait et à l’envasement du réseau hydraulique secondaire, le PNR a pris le bétail par les cornes en étroite relation, entre autres, avec des éleveurs du secteur. Ces derniers ont alors créé l’Association des éleveurs par bateau, présidée par un agriculteur coulonnais M. Dominique Moinet.
Chaque îlot sélectionné a bénéficié d’aménagements destinés à améliorer les conditions d’exploitation : la création de parcs de contention pour rassembler les animaux; la mise en place de franchissements permettant la circulation entre les parcelles; le curage des voies d’eau; la réhabilitation de l’ancienne scierie de La Garette en port technique pour l’entretien du Marais; et la mise à disposition d’un chaland bétaillère permettant le transport des bovins vers le site inaccessible par voie de terre.
- Près de 150 vaches maraîchines, charolaises et Salers sont ainsi
- transportées dans le Marais inaccessible par voie de terre. Photos Gilles Petit
« Il faut savoir que cette activité permet de maintenir des prairies naturelles. En effet, il est aujourd’hui possible de les maintenir en l’état grâce à l’action de nos amis éleveurs qui organisent cette transhumance d’une manière tout à fait originale, » explique M. Pierre-Guy Perrier, président du Syndicat mixte du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin.
Une satisfaction partagée par M. Xavier Garreau, de la Chambre d’agriculture de Vendée représentant les trois Chambres d’agriculture (Vendée, Charente-Maritime, Deux-Sèvres) au bureau du PNR : « On découvre une petite partie de ce qui se fait en terme d’élevage dans le Marais Poitevin. C’est quand même remarquable. J’apprécie le travail que font les éleveurs et plus particulièrement le travail d’entretien car, finalement, sans élevage, sans éleveurs, le Marais Poitevin ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Malgré tout, on assiste à une baisse très importante du nombre d’éleveurs, du nombre de vaches. A chaque fois que, dans une exploitation, un agriculteur s’en va, souvent, c’est l’élevage qui disparaît. Alors, pour essayer de maintenir l’élevage sur le Marais, la marque Valeurs Parc Naturel Régional a été une solution. Maintenant lancée, la marque est partie avec 44 éleveurs et avec un certain nombre d’opérateurs : Parc, commerçants, . . . Ce fut un long travail de trois années durant lesquelles il a fallu mettre sur le papier des choses qui se font déjà. C’est à dire qu’on n’a pas voulu mettre des contraintes supplémentaires sur les éleveurs. On a donc regardé ce qui se faisait de remarquable en terme d’alimentation, en terme de bien-être animal d’un point de vue social, d’un point de vue environnemental. On a identifié tous ces aspects, on les a mis sur le papier. Ça s’appelle la traçabilité, du moins une partie de la traçabilité. Aujourd’hui, les éleveurs qui se sont lancés dans cette marque en attendent les fruits parce que l’un des facteurs qui participent à la baisse du nombre d’éleveurs est que les gens ont du mal à vivre de leurs activités. La contrepartie, c’est une juste rémunération sur le prix de la viande qui permettra, on l’espère tous, au moins à maintenir le nombre d’éleveurs tel qu’il est aujourd’hui pour continuer à entretenir le Marais Poitevin. On commence à trouver la viande dans un certain nombre de magasins dont l’Hyper U de l’Aiguillon. On espère qu’il y en aura beaucoup d’autres à l’avenir : les restaurateurs, la boucherie traditionnelle et, pourquoi pas, les cantines dans nos communes. Il faut le faire savoir; c’est le travail de tout le monde de faire connaître la marque. »
« Une marque qui met en valeur tout ce qui est propre au territoire du Marais Poitevin et en particulier la viande bovine typique d’ici, » ajoute M. Perrier. Valeurs Parc Naturel Régional est une marque nationale attribuée aux produits, savoir-faire et services des professionnels des Parcs naturels régionaux qui s’engagent à porter les trois valeurs fondamentales que sont le territoire, l’environnement et l’humain. En plus de la viande bovine (maraîchine, charolaise, Salers), le PNR propose déjà d’autres produits et services marqués comme le miel, le savon à l’eau de peuplier ou des gîtes et chambres d’hôtes.
- Cette première « transhumance
- des vaches par bateau » à La Garette
- proposait aussi un marché fermier
- et un repas local
- marqué « Valeurs Parc »
- et sans plastique. Photos Gilles PETIT
Selon un des éleveurs présents à La-Garette : « Ce n’est qu’un début ». « C’est un encouragement pour montrer la valeur de notre territoire, » conclut le président du PNR.
Gilles PETIT
- Voici la vraie « transhumance » du Marais a rappelé l’ancien M. Albert Chataignier.
- Sur cette photo, le Coulonnais (à droite) conduit un 22 pieds avec M. Gilbert Lacroix, un autre Maraîchin bien connu.
MARAIS POITEVIN : Entre tourisme et entretien, le Syndicat des Marais Mouillés 79 parle de « hold-up ».
Qui du tourisme ou du Marais était le premier ? Le tourisme doit son développement au Marais, le Marais ne doit rien au tourisme. Si les bateaux des touristes circulent dans la Venise Verte, c’est grâce au Syndicat des Marais Mouillés des Deux-Sèvres qui entretient les conches. Sans aucune participation financière des professionnels du tourisme locaux.
« Je veux préciser, n’en déplaise à certains, que toutes ces réalisations : élagage, curage, enlèvement des embâcles et bouchons de vase, profitent presque exclusivement au tourisme et à la batellerie. » En peu de mots, le président du Syndicat des Marais Mouillés des Deux-Sèvres (SMM79), Bernard Riffault a dénoncé « un hold-up sur le Marais », lors de la dernière assemblée générale de cette structure.
Le Syndicat des Marais Mouillés des Deux-Sèvres
Le Syndicat des Marais Mouillés des Deux-Sèvres est un établissement public fonctionnant, depuis juillet 1987, sous le statut d’Association Syndicale Autorisée (ASA). Créé le 24 août 1833 par ordonnance du roi Louis-Philippe autorisant la création de trois syndicats départementaux (Deux-Sèvres, Vendée et Charente-Maritime), le syndicat a pour vocation l’entretien des ouvrages hydrauliques d’intérêt collectif (canaux, écluses). Le SMM79 gère le domaine fluvial du réseau secondaire des Deux-Sèvres, c’est à dire les voies d’eau lui appartenant, celles des communes, des fossés importants de particuliers non inclus dans le réseau principal et quelques fossés de séparation et de communication déclarés d’intérêt collectif. Ses adhérents sont tous propriétaires de parcelles de marais, lesquels paient obligatoirement chaque année une taxe destinée à l’entretien et la gestion du Marais. Ces propriétaires sont représentés au conseil d’administration de l’ASA par deux syndics par secteur (*). Par ailleurs, le 4 décembre 1930, un décret a encouragé le regroupement des trois syndicats avec celui de la Jeune Autize au sein de l’Union des Syndicats des Marais Mouillés du Marais Poitevin, ceci afin d’harmoniser les programmes d’intérêt collectif.
Devant de nombreux propriétaires, M. Riffault a ainsi terminé ses longs rapports moral et d’activité : « Maintenant je souhaite aborder un dossier simple pour beaucoup d’entre nous mais très compliqué par la volonté de certains qui ne connaissent pas le Marais, qui ne comprennent rien au fonctionnement du Marais, qui malheureusement attendent encore que ce soit l’autre qui leur permettra de réaliser leur chiffre d’affaires. Ceux-là, dans leur comportement le plus égoïste, pensent encore et toujours que les propriétaires de marais doivent assurer seuls l’entretien de celui-ci, mais que ce dit marais doit bénéficier au plus grand nombre. Je vais répéter ce que j’ai déjà dit de nombreuses fois. Si le marais bénéficie de l’apport d’une nouvelle économie, c’est tant mieux. Mais il ne faut pas oublier que ce fonds de commerce, si cher à tous, nécessite beaucoup d’entretien comme toutes les zones humides. Cet entretien ne peut pas être laissé entièrement à la charge des propriétaires. »
Le syndicat a effectué un sondage-enquête auprès de ses adhérents/propriétaires. « Environ un millier ont répondu par écrit signé de leur main », assure le président. Il en ressort que « la batellerie, grosse utilisatrice des conches, ainsi que le tourisme en général doivent participer à l’entretien de cette zone humide dont tout le monde parle sans faire aucun effort dans cette direction. » Ont suivi des délibérations prises par le conseil syndical, lesquelles ont été « approuvées par l’autorité de tutelle, sans modification, sans remises en cause quelles qu’elles soient. » A savoir, mettre en place auprès des communes membres de l’association syndicale (le syndicat ne peut pas taxer une entreprise, la loi le lui interdit) des taxes votées et prévues dans les délibérations et d’établir les titres de recettes s’y rapportant.
M. Riffault souligne : « Si nous avons fait passer la taxe par le biais des communes c’est que les communes sont aussi des propriétaires donc des membres du syndicat et ces communes représentent quand même l’activité économique de leur territoire. Quand les gens viennent dans le Marais ça ne profite pas qu’aux bateliers, ça profite également à l’hôtellerie, aux boulangers, aux marchands de cartes postales, et ainsi de suite. Nous avons adressé cette demande aux communes du fait de leur positionnement. »
« Dans un souci de courtoisie, le 23 janvier 2018, nous avons écrit aux maires des communes concernées Coulon, Magné, Sansais – La-Garette, Le Vanneau – Irleau, Arçais, et Saint-Hilaire-la-Palud, que nous allions émettre les titres se rapportant aux décisions prises et qu’ils allaient les recevoir prochainement. Notre lettre n’a jamais reçu de réponse de qui que ce soit, nous n’avons jamais reçu un coup de téléphone, jamais reçu de courriers. Les maires ont reçu la lettre mais ils n’ont rien dit. Forts de cette situation, nous avions déduit que nous pouvions adresser nos titres. » Avec l’approbation de Madame le préfet des Deux-Sèvres, les titres ont été émis par la Trésorerie.
« S’en suivit une rébellion », déplore M. Riffault, « sauf de la commune du Vanneau- Irleau qui a honoré aussitôt la taxe demandée. Cette rébellion conduite par le maire de Coulon, commune qui a la plus forte concentration batelière et qui se dit la capitale du Marais, avec pour seul territoire à montrer aux touristes qui viennent dans le Marais, la Sèvre Niortaise [fleuve du domaine public, NDLR]. Lorsqu’un bateau quitte le port de Coulon, après avoir traversé la Sèvre Niortaise, il se trouve sur les communes de Magné et de Sansais – La-Garette, ainsi que sur le territoire principal entretenu par le Syndicat. Un autre détail, Coulon bénéficie de beaucoup d’avantages, même la maison bleue qu’on dit toujours à Coulon, est sur la commune de Sansais – La-Garette. Enfin, les communes énoncées font régler aux entreprises batelières des taxes sans assurer, ni participer à de quelconques travaux dans le Marais. Pour l’occupation du domaine public fluvial, notamment dans les ports, elles reversent une quotte part à l’Institution Interdépartementale du Bassin de la Sèvre Niortaise, par contre pas un centime au Syndicat. »
Une contribution des communes
Le SMM79 demande aux communes de verser, à l’année, 60 € par bateau et 40 € par canoë destinés aux promenades touristiques payantes. Il est donc réclamé, compte tenu du nombre d’embarcations : Arçais, 3 960 € ; Sansais, 3 240 € ; Saint-Hilaire-La-Palud, 2 580 € ; Le Vanneau-Irleau, 300 € ; Magné, 3 900 € ; et Coulon, 8 800 €. Le Marais Mouillé des Deux-Sèvres compte douze embarcadères ou loueurs de canoës.
Cependant, on notera que des communes participent aux travaux prévus par le Syndicat sur leur territoire, dans le cadre d’un Contrat Territorial Milieux Aquatiques (CTMA). C’est notamment le cas de Saint-Hilaire-la-Palud qui, sur son budget 2017, a prélevé 10 000 € afin d’aider aux travaux d’élagage, de désencombrement et de curage de biefs et conches sur son territoire, pour un coût global de 62 160 € TTC, le reste étant pris en charge à hauteur de 22 000 € par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, 9 500 € par le Conseil départemental des Deux-Sèvres et 20 660 € par le Syndicat des Marais Mouillés des Deux-Sèvres.
L’Institution Interdépartementale du Bassin de la Sèvre Niortaise
L’Institution Interdépartementale du Bassin de la Sèvre Niortaise (IIBSN) est un organisme missionné par l’État, propriétaire des voies d’eau principales du réseau national. Depuis le 1er janvier 2015, l’IIBSN gère le domaine public fluvial de l’ensemble du Marais Poitevin. Depuis de nombreuses années, des communes étaient signataires avec l’État d’une convention qui les autorisaient à utiliser le domaine public de l’État, leur permettant d’accorder des autorisations d’exploitation aux entreprises de batellerie installées dans leur port. L’IIBSN a donc repris ce principe de convention, d’une durée de six ans, qui stipule que la signature est assortie du versement à l’État d’une redevance annuelle calculée en fonction de la longueur de berges, et du nombre de barques et de canoës à usage commercial.
Dans la Venise Verte, à notre connaissance, trois municipalités ont conclu un tel accord. Sansais – La-Garette pour son port communal donnant sur « Le Sevreau » ; Arçais, pour son port situé sur le Bief de La Garenne ; et Coulon pour 535 mètres de berge de la Sèvre Niortaise.
Prenons l’exemple de Coulon. La convention avec l’IIBSN court jusqu’au 31 décembre 2020. Sur la rive droite du fleuve, le linéaire concédé est de 535 mètres pour trois sections : 447 mètres du pont de la route départementale n°1, à la rue du Port-aux-Moules ; 35 mètres de la rue du Port-aux-Moules à l’embarcadère « La Trigale » ; et, plus en aval, 53 mètres longeant la rue Elise-Lucas, face à l’immeuble du même nom. Le nombre d’embarcations professionnelles enregistrées est de 136 bateaux et 8 canoës. La redevance annuelle est de 0,70 € par mètre linéaire, plus 119,00 € par barque et 85,00 € par canoë. Cette redevance est revalorisée chaque année en fonction de l’indice INSEE. Pour 2019, le conseil municipal coulonnais du 20 décembre 2018 a fixé ses propres redevances à percevoir par la batellerie locale : 215,00 € par barque et 103,00 € par canoë. A ces tarifs s’ajoute les nouvelles billetteries à chaque embarcadère professionnel. Ces cabanons, imposés par la municipalité, font l’objet de conventions datées du 1er mars 2017 pour une durée de trois ans, soit jusqu’au 29 février 2020, renouvelables par tacite reconduction par période de trois ans. En contrepartie , les entreprises s’engagent à verser à la commune une redevance dont le tarif est fixé à 15,00 € par m² et par mois, soit pour l’embarcadère « La Pigouille », 1 099,80 € par an ; « La Roselière », 469,80 € par an ; Prada », 1 452,60 € par an ; et « La Trigale », 480,60 € par an. Un simple calcul chiffre le montant des taxes et concessions encaissées par cette commune.
La taxe de séjour
« Il y a aussi la participation des organismes de tourisme par le biais de la taxe de séjour », poursuit M. Bernard Riffault. « Là on m’a dit c’est ‘niet’. Je demande un rendez-vous au président de la Communauté d’Agglomération du Niortais [CAN] puisque toutes les discussions que j’ai pu avoir avec le président de l’Office de tourisme de la CAN [M. Michel Simon, également maire de Coulon et vice-président de la CAN en charge du tourisme NDLR] ont toujours été stériles. Des conches très envasées où circulent tous les bateaux, avec ou sans guide, ont été curées, même hors programme CTMA, aux frais exclusifs du Syndicat pour aider au développement touristique. Le syndicat est ouvert à toute rencontre, à toute discussion, à toute proposition, à condition que ce soit dans l’intérêt du Marais, dans l’intérêt général et ce en dehors de toute langue de bois et tout intérêt particulier. »
490 000 touristes sont accueillis chaque année sur le secteur Grand Site de France ou « Marais mouillés », selon des données datant de 2013, hors clientèle d’affaires. La taxe de séjour a collecté près de 290 000 € en 2017. En Deux-Sèvres, selon une récente évaluation (fin 2016) de l’Agence Départementale du Tourisme des Deux-Sèvres, le chiffre d’affaires lié à l’activité touristique a été estimé à 205 340 980 € HT pour l’ensemble du département. Pour la CAN, il est estimé à 75 158 280 € HT soit 35% du chiffre d’affaires départemental. Ayant la compétence tourisme, la CAN percevait la taxe de séjour depuis le 1er janvier 2010 auprès des hébergeurs touristiques, intégralement reversée à l’Office de tourisme communautaire. Depuis le 1er octobre 2018, la CAN a confié la gestion administrative, l’application et la perception de cette taxe à l’Office de tourisme communautaire Niort Marais Poitevin-Vallée de la Sèvre.
Selon l’édition datée de mai 2018 du Guide pratique sur les taxes de séjour, la taxe est affectée aux dépenses destinées à favoriser la fréquentation touristique de la commune, ou du groupement, ou aux dépenses relatives à des actions de protection et de gestion des espaces naturels à des fins touristiques. La taxe de séjour est une recette imputée en section de fonctionnement du budget de la collectivité ou du groupement. Les dépenses imputées sur le produit collecté doivent permettre à la collectivité ou au groupement d’être en capacité de justifier qu’elles sont de nature à favoriser la fréquentation touristique (par exemple, des dépenses couvrant des travaux d’amélioration qualitative de l’espace public, des dépenses liées à la politique de communication, à la politique culturelle, sportive de la commune ou du groupement etc.). Ce sont des dépenses qui agissent sur l’attractivité du territoire concerné ou la politique de préservation environnementale.
« S’ils souhaitent que l’économie touristique maintienne encore une petite activité, que ce territoire puisse se développer et garantir une vie à nos enfants, il est nécessaire que l’ensemble des collectivités concernées participent à l’entretien d’un réseau hydraulique de plus en plus fréquenté », conclut M. Bernard Riffault.
(*) Composition des syndics du Syndicat des Marais mouillés 79. Amuré – Saint Georges-de-Rex : Jacques Gelot et Bernard Regnier ; Arçais : Philippe Leyssenne et Sébastien Rambaud ; Bessines – Frontenay-Rohan-Rohan : Alain Robin et M. Gelin ; Prin-Deyrançon – Le-Bourdet : Christophe Morin et Cyril Bourreau ; Coulon – Magné – Niort : Manuel Mercier et Olivier Brunet ; Saint-Hilaire-la-Palud inférieur et supérieur : Serge Audebrand et Joël Longeau, Jannick Durand et Laurent Morin ; Sansais – La-Garette : Bernard Riffault et Nicolas Bouricaud ; Le-Vanneau – Irleau : Jean-Marc Renou et Jean-Dominique Roux.
Gilles PETIT
MARAIS POITEVIN : « Battements de cœur et coups de pigouille en Sèvre Niortaise » un recueil de Jean-Claude Coursaud (2)
Loin des clichés touristiques, aux antipodes du roman, le dernier livre de Jean-Claude Coursaud est avant tout un recueil de nouvelles qui concernent précisément les gens d’une certaine époque vivant dans les Marais Mouillés du Marais Poitevin aux confins des départements des Deux-Sèvres, de la Vendée et de la Charente-Maritime. « Battements de cœur et coups de pigouille en Sèvre Niortaise » retrace la vie « des gens du marais d’en haut », mais aussi « des gens des grandes cabanes », des bords du fleuve à Coulon, Le Vanneau, Le Mazeau, Damvix . . .
« Battements de cœur et coups de pigouille en Sèvre Niortaise » ne connaît point de « Venise verte », de « plates », de « parc d’attractions », de « balades en barque » et autres locutions inventées pour appâter les touristes et faire tourner une certaine économie. Ce recueil sent l’authentique, le vrai, le quotidien d’illustres inconnus maraîchins, Coco des Cabanes, Louisette, Sidonie, Adolphe, René, Georgina, Marie, Paulette, Alcide, Christiane, Marius, et d’autres, croisés au fil des eaux.
Ces nouvelles maraîchines rapportent des événements qui se déroulent principalement dans les années 1920, entre la fin de la première guerre mondiale jusqu’à la seconde, en débordant un peu sur les années 1960. « A cette époque la société rurale bifurque totalement, » explique Jean-Claude Coursaud. « Dans le cas précis du Marais Poitevin, nous avons d’un côté le monde rural qui évolue. Il y a une dégringolade de l’agriculture, mais, sur un plan industriel, les scieries vont prendre un essor considérable en passant de la planche au contreplaqué. Puis il y a tout ce monde artisanal qu’on a connu, avant qu’arrive brutalement un nouveau monde à partir des années 1975/1980. »
L’auteur a voulu dépeindre tout ce petit monde de la campagne maraîchine face à la bifurcation qu’est l’arrivée de nouveaux métiers, d’un nouveau concept. C’est à dire l’évolution du manuel au pseudo intellectuel , à savoir, l’intronisation du monde tertiaire.
Jean-Claude Coursaud : « Ce qui est important aussi, c’est la façon dont s’expriment les gens. Car ce livre, je l’ai conçu d’une façon un peu particulière. Je ne me suis inspiré de quiconque sur le plan littéraire, sinon être en prolongement d’un écrivain coulonnais exceptionnellement brillant, par le biais d’un de ses ouvrages dont le mot pigouille est important. Ce sont les fameux « Contes de la Pigouille » de Louis Perceau. Louis Perceau est un personnage assez fantastique, sa vie a été fantastique, mais dans la première partie de son enfance, il a dépeint avec un réalisme certain le monde du Marais, le monde maraîchin tel qu’il était. La petite personne que je suis a continué son œuvre pour parler de la seconde partie de ce monde de la pigouille, de ce monde du marais. C’est donc un livre qui est totalement complémentaire de l’œuvre de Louis Perceau. Sauf que Louis Perceau est devenu un écrivain pamphlétaire, ami entre autres de Guillaume Apollinaire. Ce n’est pas anodin. Je crois que nos deux noms pourraient être associés dans cette vie rurale et dans cette vie maraîchine de la fin du 19ème au début du 20ème siècle. Je le précise dans ma préface : ça n’existe plus. »
Le livre se décompose en histoires qui touchent les Coulonnais, des personnages comme Mmes Fichet et Marie Pisse-trois-gouttes, des lieux comme la rue de l’Église. Ce sont des histoires très éclectiques qui se terminent vers l’estuaire au fil de la Sèvre Niortaise en bateau dans les années 1920 par des gens de Coulon, du Vanneau, de Damvix qui vont, par exemple, au marché de Marans, alors le grand rassemblement des « cabanas » du Marais Poitevin. Des gens du « marais d’en haut » mais aussi des « gens des grandes cabanes ». Les grandes cabanes, ce sont les grandes exploitations de Charente-Maritime ou de Vendée.
Les 36 nouvelles que compte le recueil sont écrites en français, mais des dialogues sont franco-patoisés, c’est à dire qu’ils peuvent être compris par n’importe qui, et en cas de mot douteux, il y a un rappel en bas de page. 36 histoires dont, de temps en temps, des « Brèves d’écuries », « Racontages « et « Petites médisances ». Ce sont des fragments d’histoires drôles authentiques. « Ancien agriculteur, j’ai connu et j’ai vécu ces situations, » assure l’auteur. « Je suis le seul, de Niort à Marans, à pouvoir parler de ce genre de choses sur le plan de l’écriture. »
Co-auteur, Isabelle Savariau est une jeune retraitée maraîchine qui a apporté un regard extérieur aux récits. Également quelques textes reflètent des histoires de sa famille.
Enfin, hormis la couverture, l’ouvrage ne comporte pas de photos. Ainsi le lecteur se fera sa propre vision des situations évoquées. Pour ce faire, il vaut mieux connaître le site. Les autochtones vont savourer les 180 pages, les autres (touristes ou étrangers au pays) curieux de découvrir le Marais Poitevin pourront, au fil des histoires, suivre une sorte de jeu de piste pour essayer de retrouver les lieux cités.
« Battements de cœur et coups de pigouille en Sèvre niortaise » s’adresse aux personnes qui veulent connaître le vrai Marais. Une vie au rythme du bateau de 22 pieds mené à la pigouille.
Auto-édité, le recueil est vendu 20 € TTC, notamment dans les librairies niortaises et au Centre culturel Leclerc de Niort ; à Coulon à la Maison de la presse et à la Maison du Marais Poitevin ; mais aussi, dans les communes voisines : Magné, Le Vanneau, Saint-Georges-de-Rex. . .
Ou chez l’auteur M. Jean-Claude Coursaud, lieu-dit Les Cabanes de Balanger, 562 route des Bords de Sèvre 79510 Coulon Tél. 05 49 35 92 55
Gilles PETIT
(Photos de barques extraites du défilé des métiers d’antan sur l’eau à Coulon (79) lors de la Fête du Miget 2018 organisée en juillet par le Comité d’Animation Coulonnais)
Disponible chez les mêmes auteurs, Jean-Claude Coursaud et Isabelle Savariau : « Un coin de Prairie pour 10 dollars, Une odyssée maraîchine ».
Ce roman auto-édité retrace l’étonnant parcours de « l’oncle Gelot » chez des pionniers de l’Ouest canadien, à savoir Théodore Gelot et son compagnon d’aventure Eugène Ménard, partis du Marais pour les territoires glacés d’Amérique du Nord.
MARAIS POITEVIN : « Battements de cœur et coups de pigouille en Sèvre Niortaise » un recueil de Jean-Claude Coursaud
Loin des clichés touristiques, aux antipodes du roman, le dernier livre de Jean-Claude Coursaud est avant tout un recueil de nouvelles qui concernent précisément les gens d’une certaine époque vivant dans les Marais Mouillés du Marais Poitevin aux confins des départements des Deux-Sèvres, de la Vendée et de la Charente-Maritime. « Battements de cœur et coups de pigouille en Sèvre Niortaise » retrace la vie « des gens du marais d’en haut », mais aussi « des gens des grandes cabanes », des bords du fleuve à Coulon, Le Vanneau, Le Mazeau, Damvix . . .
« Battements de cœur et coups de pigouille en Sèvre Niortaise » ne connaît point de « Venise verte », de « plates », de « parc d’attractions », de « balades en barque » et autres locutions inventées pour appâter les touristes et faire tourner une certaine économie. Ce recueil sent l’authentique, le vrai, le quotidien d’illustres inconnus maraîchins, Coco des Cabanes, Louisette, Sidonie, Adolphe, René, Georgina, Marie, Paulette, Alcide, Christiane, Marius, et d’autres, croisés au fil des eaux.
Ces nouvelles maraîchines rapportent des événements qui se déroulent principalement dans les années 1920, entre la fin de la première guerre mondiale jusqu’à la seconde, en débordant un peu sur les années 1960. « A cette époque la société rurale bifurque totalement, » explique Jean-Claude Coursaud. « Dans le cas précis du Marais Poitevin, nous avons d’un côté le monde rural qui évolue. Il y a une dégringolade de l’agriculture, mais, sur un plan industriel, les scieries vont prendre un essor considérable en passant de la planche au contreplaqué. Puis il y a tout ce monde artisanal qu’on a connu, avant qu’arrive brutalement un nouveau monde à partir des années 1975/1980. »
L’auteur a voulu dépeindre tout ce petit monde de la campagne maraîchine face à la bifurcation qu’est l’arrivée de nouveaux métiers, d’un nouveau concept. C’est à dire l’évolution du manuel au pseudo intellectuel , à savoir, l’intronisation du monde tertiaire.
Jean-Claude Coursaud : « Ce qui est important aussi, c’est la façon dont s’expriment les gens. Car ce livre, je l’ai conçu d’une façon un peu particulière. Je ne me suis inspiré de quiconque sur le plan littéraire, sinon être en prolongement d’un écrivain coulonnais exceptionnellement brillant, par le biais d’un de ses ouvrages dont le mot pigouille est important. Ce sont les fameux « Contes de la Pigouille » de Louis Perceau. Louis Perceau est un personnage assez fantastique, sa vie a été fantastique, mais dans la première partie de son enfance, il a dépeint avec un réalisme certain le monde du Marais, le monde maraîchin tel qu’il était. La petite personne que je suis a continué son œuvre pour parler de la seconde partie de ce monde de la pigouille, de ce monde du marais. C’est donc un livre qui est totalement complémentaire de l’œuvre de Louis Perceau. Sauf que Louis Perceau est devenu un écrivain pamphlétaire, ami entre autres de Guillaume Apollinaire. Ce n’est pas anodin. Je crois que nos deux noms pourraient être associés dans cette vie rurale et dans cette vie maraîchine de la fin du 19ème au début du 20ème siècle. Je le précise dans ma préface : ça n’existe plus. »
Le livre se décompose en histoires qui touchent les Coulonnais, des personnages comme Mmes Fichet et Marie Pisse-trois-gouttes, des lieux comme la rue de l’Église. Ce sont des histoires très éclectiques qui se terminent vers l’estuaire au fil de la Sèvre Niortaise en bateau dans les années 1920 par des gens de Coulon, du Vanneau, de Damvix qui vont, par exemple, au marché de Marans, alors le grand rassemblement des « cabanas » du Marais Poitevin. Des gens du « marais d’en haut » mais aussi des « gens des grandes cabanes ». Les grandes cabanes, ce sont les grandes exploitations de Charente-Maritime ou de Vendée.
Les 36 nouvelles que compte le recueil sont écrites en français, mais des dialogues sont franco-patoisés, c’est à dire qu’ils peuvent être compris par n’importe qui, et en cas de mot douteux, il y a un rappel en bas de page. 36 histoires dont, de temps en temps, des « Brèves d’écuries », « Racontages « et « Petites médisances ». Ce sont des fragments d’histoires drôles authentiques. « Ancien agriculteur, j’ai connu et j’ai vécu ces situations, » assure l’auteur. « Je suis le seul, de Niort à Marans, à pouvoir parler de ce genre de choses sur le plan de l’écriture. »
Co-auteur, Isabelle Savariau est une jeune retraitée maraîchine qui a apporté un regard extérieur aux récits. Également quelques textes reflètent des histoires de sa famille.
Enfin, hormis la couverture, l’ouvrage ne comporte pas de photos. Ainsi le lecteur se fera sa propre vision des situations évoquées. Pour ce faire, il vaut mieux connaître le site. Les autochtones vont savourer les 180 pages, les autres (touristes ou étrangers au pays) curieux de découvrir le Marais Poitevin pourront, au fil des histoires, suivre une sorte de jeu de piste pour essayer de retrouver les lieux cités.
« Battements de cœur et coups de pigouille en Sèvre niortaise » s’adresse aux personnes qui veulent connaître le vrai Marais. Une vie au rythme du bateau de 22 pieds mené à la pigouille.
Auto-édité, le recueil est vendu 20 € TTC, notamment dans les librairies niortaises et au Centre culturel Leclerc de Niort ; à Coulon à la Maison de la presse et à la Maison du Marais Poitevin ; mais aussi, dans les communes voisines : Magné, Le Vanneau, Saint-Georges-de-Rex. . .
Ou chez l’auteur M. Jean-Claude Coursaud, lieu-dit Les Cabanes de Balanger, 562 route des Bords de Sèvre 79510 Coulon Tél. 05 49 35 92 55
Gilles PETIT
(Photos de barques extraites du défilé des métiers d’antan sur l’eau à Coulon (79) lors de la Fête du Miget 2018 organisée en juillet par le Comité d’Animation Coulonnais)
Disponible chez les mêmes auteurs, Jean-Claude Coursaud et Isabelle Savariau : « Un coin de Prairie pour 10 dollars, Une odyssée maraîchine ».
Ce roman auto-édité retrace l’étonnant parcours de « l’oncle Gelot » chez des pionniers de l’Ouest canadien, à savoir Théodore Gelot et son compagnon d’aventure Eugène Ménard, partis du Marais pour les territoires glacés d’Amérique du Nord.
MARAIS POITEVIN des Deux-Sèvres : une manifestation au chevet du pont d’Irleau
Un tablier de pont qui s’affaisse, les activités économiques et touristiques de la Venise Verte s’effondrent. Entre le « pont de la discorde » et le « Pont des Révérences », les Maraîchins ont choisi une manifestation historique, samedi 23 juin 2018. La conciliation doit succéder à la colère. A l’issue d’importants travaux, programmables en fin d’année 2018, le pont d’Irleau devrait retrouver « la situation qui existait avant. »
Parallèlement à une passerelle métallique type Eiffel, encore récente en 1929, le « Pont des Révérences » d’Irleau, construit en béton armé [voir sa genèse et l’origine de ce nom dans le livre « Marais Poitevin : les rives du passé » de Jean-Claude Coursaud et Daniel Mar, aux éditions du Marmot], est inauguré en juin 1931 après deux années de travaux.
Aujourd’hui, le tablier de ce pont, lequel franchit le fleuve La Sèvre Niortaise à cheval sur les communes deux-sévriennes du Vanneau-Irleau et Coulon, donne des signes de faiblesse. Son utilisation est désormais limitée aux véhicules jusqu’à 3,5 tonnes ou deux mètres de large. Habitants, agriculteurs, élus locaux, acteurs du tourisme. . . dénoncent la position du Conseil départemental des Deux-Sèvres, propriétaire de l’ouvrage.
Présent sur le site, le président du Conseil départemental 79 Gilbert Favreau a tenté d’expliquer les décisions prises : « En 1998, les services du département ont décidé de le fermer après une étude, puis de le limiter à 12,5 tonnes. Les usagers ont continué à circuler avec des véhicules de plus en plus lourds. En 2017, quand je suis arrivé à la présidence, un cabinet d’études m’a conseillé de fermer immédiatement le pont à toute circulation. Il fallait prendre des mesures. Il fallait faire des travaux, alors on a fait faire une étude technique qui a préconisé trois séries de travaux. D’abord, il y avait des appuis qui risquaient de lâcher. Ce sont les premiers travaux qui ont été fait en avril dernier. Aujourd’hui, il reste à faire des travaux sur le tablier du pont, surtout au niveau des soubassements qui portent le pont aux extrémités. La chaussée et les garde-corps sont également fatigués. » Le Conseil est intervenu sur la priorité, à savoir les appuis-piliers en béton qui tiennent le pont. Parallèlement, le poids limite des véhicules a été ramené à 3,5 tonnes. « Bien évidemment, il y a un certain nombre d’usagers qui sont gênés par cette situation et notamment les agriculteurs. Ils veulent qu’on rouvre le pont à tous tonnages. Le problème, c’est que le président du département que je suis ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. Si un jour il y a une chute ou s’il y a un problème d’effondrement parce qu’on aura mis un gros cube de 35 tonnes. Le responsable, c’est moi ! Aujourd’hui, je suis dans un esprit de conciliation avec tout le monde. J’ai fait programmer des travaux pour l’automne et j’espère qu’à l’issue, on pourra me confirmer que, effectivement, on peut rouler à 12,5 tonnes. On reviendra donc à la situation qui existait avant. Mais on n’aura jamais l’autorisation sur un pont de cette qualité de faire passer des 35 tonnes. Voilà la situation. Je comprend aussi la gêne. Je suis obligé de faire comme ça. »
Promu porte-parole des manifestants, le maire du Vanneau-Irleau Robert Gousseau pose les problèmes : « On ne peut pas prétendre être les Portes du Marais, le Marais dans sa splendeur, l’emblème du département, un site touristique, un site classé, un Parc naturel régional, un Grand Site de France, et ne pas passer la Sèvre Niortaise à pied sec. Tous nos agriculteurs ne peuvent plus travailler, les touristes ne peuvent plus passer. On peut concevoir que le pont peut avoir des faiblesses, mais on ne peut pas, non plus, ne pas penser à demain. Par conséquent, il serait judicieux d’avoir, au moins, une perspective de ce qui va se faire dans la suite. Mettre 700 000 € sur trois ans, c’est un fait. A ce moment-là, il faut mettre 4 millions d’euros sur cinquante ans et puis on refait un pont. Si on avait un Département ambitieux, on ferait comme ça, sauf que ,apparemment, ce n’est pas le cas. On ne nous prend pas au sérieux, alors on fait voir qu’on n’est pas contents, c’est tout. On ne veut pas faire passer des revendications extraordinaires, mais en vérité, on est là pour démontrer que nos agriculteurs sont en souffrance et même éventuellement les touristes, les camping-cars ne passant plus. C’est désastreux. On ne peut pas se contenter de ça. De toute façon, on se bat contre plus fort que nous ; nous sommes tenaces. Si c’est faire des travaux pour ne rien faire de mieux, c’est pas la peine. Quand on me dit, on va mettre 700 000 € et qu’en fin de compte le pont va rester comme il est en ce moment, c’est pas satisfaisant. A ce moment-là, il ne faut pas mettre d’argent, moi j’appelle ça du gaspillage de l’argent public. Nos anciens, en 1930, ont pensé qu’il fallait un pont et il n’y avait pas de touristes, aujourd’hui il y a des touristes mais on ne peut même pas faire de pont. Peut-être qu’on pourrait remettre la passerelle à ce moment-là ! »
- Trop larges, les convois agricoles doivent emprunter des voies à plus grande circulation.
- Les vaches doivent parfois faire un long détour pour rejoindre les verts paturages de la Venise Verte.
Au delà des « bons mots », le quotidien doit se réorganiser. Un agriculteur-éleveur de charolaises à Benet en Vendée : « Nous avons des terres sur Irleau, Le Vanneau, Arçais, Saint-Georges-de-Rex. Nous habitons de l’autre côté [rive droite de la Sèvre Niortaise] et je ne peux pas passer sur le pont pour aller en Deux-Sèvres. Nous exploitons environ 170 hectares sur ces communes-là. Nous élevons 600 bêtes en tout, dont à peu près 150 de ce côté deux-sévrien. L’ensemble tracteur, avec, par exemple, tout le matériel de fenaison ou la bétaillère, est trop large pour passer entre les chicanes. De plus, un convoi agricole pèse entre 4 à 12 tonnes maxi. Quand le pont a été construit, c’étaient des chevaux qui passaient là. Doit-on vivre avec les méthodes du 19ème siècle ou du 21ème siècle ? Parce que, on constate qu’au 20ème siècle, il a été fait un pont pour favoriser les échanges et qu’au 21ème siècle, on le ferme. Nous passions sur ce pont environ trois fois par jour. Actuellement, nous passons par Sansais-La Garette (79) ou par Damvix (85), ça dépend où on va. Ça va être compliqué cet été avec les véhicules qui vont tous dévier par là-bas. Le problème, c’est qu’un automobiliste coincé entre deux tracteurs pendant dix minutes, voire un quart d’heure, double dans un virage avec une petite visibilité. Quand dix plateaux à paille circuleront à longueur de journée, bonjour les dégâts. »
M. Gousseau poursuit : « Votre participation prouve que ce pont a une valeur symbolique, aussi bien pour les gens de chez nous que pour les gens de l’extérieur. La solution de facilité était de fermer le pont. Hier il marchait à 40 tonnes, aujourd’hui à 3,5 tonnes, ça fait une différence. En 1930, quand nos anciens, qui étaient aussi intelligents que nous, ont pensé qu’il fallait faire un pont, il n’y avait pas de touristes, il y avait les mogettes. Aujourd’hui, y a plus de mogettes, y a des touristes. Est-ce que ça compense, la question reste posée. On ne peut pas se contenter d’un pont à 3,5 tonnes et deux mètres de large. Un Conseil départemental digne de ce nom, soucieux du bien être de son bassin de vie, peut mettre, à mon avis, 3 millions d’euros sur cinquante ans. »
- Le pont d’Irleau a 87 ans.
- Le temps ne l’a pas ménagé.
- Les soubassements ont souffert comme ici l’appui sur la berge de Coulon.
S’adressant à nouveau aux 200 personnes présentes sur le pont, M. Favreau précise: « Ceux qui ont fait ce pont n’ont peut-être pas pensé qu’il devait durer plus de 80 ans. Ce pont est dans un état déplorable, ce qui justifie des décisions prises. Nous avons fait en sorte de laisser passer au minimum les véhicules de tourisme jusqu’à 3,5 tonnes. Les travaux commenceraient probablement à la mi-septembre sur les soubassements et les garde-corps, pour une durée de deux mois et demi. Durant ces deux mois et demi, il y aura une fermeture. Après, nous serons à douze tonnes. Au delà de douze tonnes, je ne peux vous promettre. Il y a des contingences techniques qui ont fait que nous n’avons pas pu aller plus vite. Après ?!?! Un nouveau pont ?!?! Je ne sais pas si vous connaissez aujourd’hui les exigences administratives en matière de construction, notamment dans le Marais Poitevin qui est un site Natura 2000. C’est une administration d’État qui gère tout ça. Il faudra faire une étude très exigeante. C’est une bagatelle de 4 à 5 millions à la sortie. Je suis désolé des ennuis que ça cause à la population et à tout le secteur économique du Marais, mais je crois que c’est une obligation. »
Ancien maire de la commune d’Arçais (79), M. Joël Bourchenin, a ouvert le volet tourisme : « notre territoire sert de vitrine à notre département, de longue date. Évidemment que ce pont a toute son utilité pour notre tourisme d’été et de toutes saisons. On voit des agriculteurs se mobiliser, on voit aussi des acteurs du tourisme. » Un tourisme estival détourné dont dépend de nombreux commerçants installés dans les villages desservis par le pont.
M. Michel Simon, maire de Coulon, s’exprimant au titre de président de l’Office de tourisme Niort-Marais Poitevin : « A l’Office, nous expliquons aux touristes le problème du pont d’Irleau et l’interdiction des camping-cars. Ils le comprennent. Mais quand un touriste arrive en voiture, il voit tous ces panneaux de déviation. Il se dit que la commune doit être en travaux partout, il file son chemin. On perd du tourisme notamment depuis le début de la saison, les premiers chiffres de fréquentation de l’aire de camping-cars de Coulon l’attestent. »
Finalement, la conciliation succède à la colère. Tout le monde s’est retrouvé autour d’une table qui « dessèche le gosier », à l’invitation du maire du Vanneau-Irleau. Là, au moins, on s’est parlé sans titre, sans tabou, ni procédure administrative.
Gilles PETIT (récit et photos)
MARAIS POITEVIN : l’eau, source de « La Vague citoyenne »
Les 2 et 3 juin 2018 à La Garette (commune deux-sévrienne de Sansais-La Garette, France), « La Vague citoyenne » n’a pas submergé les porteurs des dix-neuf projets de retenues dites de substitution, les fameuses bassines. A l’origine de ce waterstock #3, « Bassines non merci ! », un collectif citoyen, apolitique et pacifiste, qui lutte contre les bassines et l’irrigation à outrances, et lutte aussi pour les paysans.
Durant ces deux jours, « La Vague citoyenne », un nom sous-titré : « Pour une agriculture respectueuse de l’Eau, de la Terre et des Hommes », a rassemblé environ 2000 personnes dont 1200 ont participé à la grande déambulation festive du dimanche après-midi.
Lors des assises citoyennes du samedi, traitant, durant quatre heures, les sujets eau, agriculture et paysage, suivies des prises de paroles en clôture de la manifestation, nous retiendrons quelques propos et témoignages d’intervenants de toutes tendances, ou presque, car on regrettera l’absence des porteurs des projets en question.
Quand il parle de réserves de substitution, au départ, le collectif n’était pas systématiquement contre, et peut-être pas encore aujourd’hui, mais les projets portaient sur des prélèvements de surface, c’est à dire, des rivières qui étaient prêtes à déborder, et des nappes phréatiques archi pleines. En excluant les nappes profondes, indemnes de tout produit, à pomper vers des retenues construites à l’air libre. Dans ces retenues, l’eau va alors se réchauffer et sa qualité va se dégrader. « On est donc complètement dans l’inverse de ce qu’on voudrait faire », estime le collectif.
Selon M. Pierre Lacroix, membre du collectif et président de la Fédération de pêche des Deux-Sèvres : « Aujourd’hui, si les politiques n’ont pas le courage d’amener les mesures d’accompagnement pour changer les modes de culture, il ne serait pas préférable de subventionner un monsieur qui n’irrigue pas et qui sous-produit en faisant de la qualité, par rapport à celui qui irrigue et reçoit des subventions. Parce qu’il faut savoir que ces bassines-là seront subventionnées à 75% par l’Agence de l’eau, argent public, et que, quand ces gens-là prendront l’eau dans les bassines pour irriguer un hectare de maïs, ils toucheront une subvention de 300 € environ. Ils seront donc subventionnés deux fois. »
A savoir, dès qu’une culture est arrosée, il est nécessaire, le lendemain, de traiter la parcelle en pulvérisant un fongicide afin d’éviter le développement de la maladie.
Rapidement lors des assises citoyennes, les interventions fusent, dont celle-ci : « A qui profite le crime ? 9 millions de mètres-cube d’eau pour 230 bénéficiaires. Sur 10% d’irrigants, 2% vont en bénéficier. Sur les 230 exploitations concernées par les bassines du seul projet de la Sèvre Niortaise que sont les adhérents à la Coop de l’eau, 119 vont être directement raccordés aux bassines. Ce qui représente, à peu près, 6% des exploitations du territoire, tout confondu, irrigants ou non. Il s’agit d’une confiscation de l’eau potable au profit d’une infime partie des gens. »
M. Jean-François Périgné, « citoyen-paysan de la mer », précise-t-il, secrétaire national à la Confédération paysanne et référent de la question de l’eau, a ainsi résumé la situation : « Je voudrais aborder la question de l’eau sur un angle beaucoup plus global, de façon que tout le monde comprenne bien ici l’enjeu local et largement planétaire. Vous avez remarqué que le but majeur de la conquête spatiale est d’aller trouver une planète où il y a de l’eau. Pourquoi ? Car il n’y a pas de vie, telle qu’on la connaît, nous, sans eau. Il n’y a pas une goutte d’eau qui est perdue lorsqu’elle part à la rivière car les racines de l’océan, ce sont les rivières. Et tout comme les poissons qui pondent et qui meurent au stade larvaire, pour nous, c’est exactement la même chose au niveau des coquillages, des crevettes et au niveau de toute la ressource halieutique puisque les zones de reproduction, de frayères, et de nurserie se trouvent dans les zones estuaires parce que c’est là que se fait le mélange entre les sels nutritifs amenés par la terre, il en faut et c’est nécessaire, pour le développement du premier maillon de la chaîne alimentaire de l’océan. Et le premier maillon de la chaîne alimentaire de l’océan, c’est le phytoplancton. Les océans c’est 4/5ème de la surface de la planète. Le phytoplancton est la première biomasse végétale de la planète qui produit les deux tiers de l’oxygène que l’on respire et qui joue un rôle hyper important sur le captage du CO2 car toutes les plantes consomment du CO2 et rejettent de l’oxygène. Tout ce qui est à support calcaire (les coraux, nos coquillages. . .) est en danger de disparition rapide. En une petite trentaine d’années, malgré les sonnettes d’alarme tirées par les conchyliculteurs, la situation se dégrade d’année en année, avec un empilement de mesures environnementales censées sauver la biodiversité, parc naturel marin, Natura 2000, etc. Entre le temps de décision de l’humain et le temps de réponse de la nature, il se passe un certain temps. La terre a son propre rythme qui n’est pas le rythme des humains. Quand on parle de l’eau, on parle de la composition du corps humain, on parle de l’aliment principal. 70% de notre alimentation, c’est de l’eau. Que ce soit sous forme liquide, végétale ou animale, c’est de l’eau qu’on consomme. L’enjeu est énorme. Ici, dans l’ouest de la France, on lutte contre un système d’irrigation pour nourrir une plante qui, dans son pays d’origine est la déesse de la fécondité et qui est en train de devenir chez nous la déesse de la stérilité. Tout simplement parce qu’on est en train de se battre en plein dérèglement climatique pour produire une plante tropicale et donc reconstituer un climat autour de la plante qui n’est pas son climat d’origine. Pourtant, il existe un maïs local. Sur le constat, on est tous d’accord, la FNSEA, les politiques, la Confédération paysanne, les citoyens lambda. Les climatologues nous annoncent 20 à 30% de moins dans les débits des rivières, une pluviométrie qui va devenir de plus en plus aléatoire, huit années sur dix de sécheresse sévère, une évaporation qui va augmenter de 20 à 30 %. L’évaporation sur le problème des bassines, c’est le syndrome du Shadok, on pompe de l’eau qui est stockée naturellement dans le sol, ça n’a rien coûté de la stocker, elle est à l’abri de l’évaporation, pour la mettre dans une bassine où de toute façon sur la globalité du volume d’eau, il va falloir laisser 20% au fond pour maintenir le liner en place, alors qu’au minimum 30% de l’eau va s’évaporer et rentrer naturellement dans le cycle de l’eau. Donc il reste utilisable globalement 50% de l’eau qui aura été pompée de la ressource. Il y aura, quand même, une baisse du stockage de l’eau en souterrain.
« Par rapport à ce contexte climatique, on a deux écoles : pour prévenir on va stocker en hiver quand il y a trop d’eau, etc. ; et l’autre école qui dit : le stockage naturel ne coûte rien, il est là et on va s’adapter de différentes manières, adapter les cultures aux sols. La filière maïs est déficitaire, globalement elle redevient rentable parce que ce maïs est exporté par le port de commerce de La Rochelle-La Pallice. Il va nourrir des poulets au milieu du désert dans le Maghreb ou ailleurs. Et peut-être que dans ces pays, les habitants ne mangent que les cuisses et les blancs et nous ramènent les nuggets que nos gamins mangent dans les MacDo. Ici on est sur une privatisation déguisée, c’est de l’argent public qui va aller à quelques personnes. La problématique de l’eau, c’est la survie de la vie sur la planète parce que l’océan, c’est la vie de la planète. »
Tout le monde s’accorde à dire « il ne faut pas donner plus que la nature ne peut donner. » Mais aussi que « cette lutte contre les bassines et l’irrigation à outrance, c’est une lutte POUR les paysans ! C’est la population où il y a le plus de suicides. Ce sont les premiers impactés par les maladies liées aux pesticides qu’ils utilisent eux-mêmes. C’est une population qui est en pleine dérive morale. »