« Un César d’honneur l’an dernier, une plaque donnant mon nom à une carrière aujourd’hui, tout ça, ça sent le posthume », avait ainsi conclu son allocution l’acteur Jean Rochefort le 11 mai 2000, jour de l’inauguration officielle de la Maison du Cheval à La Garette, sur la commune maraîchine de Sansais-La Garette (Deux-Sèvres France).

En 2005, il a prêté sa voix au « Maître de cérémonie » du spectacle (Mousquetaire de Richelieu) du Grand Théâtre équestre créé au Puy du Fou en Vendée (85). Auparavant, le 11 mai 2000, il avait donné son nom à la carrière couverte de la Maison du Cheval, un bâtiment destiné aux activités socio-éducatives. Sa voix s’est éteinte le 9 octobre 2017, à Paris. Son nom demeure gravé sur un pilier à La Garette.
L’artiste venait de recevoir, en 1999, un César d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. En fait, il a suivi deux carrières, celle du théâtre et du cinéma, celle du monde équestre. A La Garette, avec son sourire inimitable, Jean Rochefort s’était défini comme un « homme de spectacle » et un « homme de cheval ».

Porté par le Conseil général des Deux-Sèvres, (géré d’abord, par Délégation de Service Public en mai 2001 par le Club Hippique Niortais, puis depuis le 18 août 2006 par l’association Equi’SèvreS), le projet départemental d’une Maison du Cheval avait séduit Jean Rochefort parce qu’il avait pour but d’utiliser le cheval à de nobles fins, à savoir la découverte des prairies humides du Marais Poitevin, l’élevage, l’éducation et l’insertion. Il avait ainsi souligné que « associé à notre évolution, le cheval s’est fait tour à tour, moyen de guerre, de travail, de transport. L’homme ne serait rien sans lui, il lui doit tout. »
Un colloque européen sur le thème « l’homme et le cheval, alternatives pour un développement social » a ponctué l’ouverture de la Maison du Cheval. Déjà en cette fin de XXème siècle, de nouveaux acteurs s’intéressent à cet animal. Des voies se dessinent pour une utilisation différente du cheval. En règle générale, les vieux chevaux réformés d’une activité sportive ont une grande connaissance de l’homme. Ils seront donc employés dans des activités socio-éducatives et de rééducation pour un public en difficulté moteur ou psychopédagogique. Jean Rochefort adhérait à cette initiative tout en approuvant l’idée de proposer des activités complémentaires autres que celles qui tournent autour de l’eau. Des balades au fil des chemins blancs du Marais, ainsi que le développement de l’attelage au travers d’une filière de haut niveau au plan national et d’activités autant de loisirs que de promotion de la discipline. Présent depuis des siècles dans les Marais Mouillés et utilisés uniquement dans l’agriculture, le cheval a toujours fait partie du paysage de la Venise Verte, comme la barque traditionnelle.
Le 11 mai 2000, la foule des grands jours avait écouté Jean Rochefort évoquer sa passion des chevaux « depuis [sa] plus tendre enfance » : « Mon grand-père possédait des chevaux de fiacre en Bretagne. J’ai découvert l’équitation à 30 ans pour le tournage du film Cartouche de Philippe de Broca (1961). Dès lors, je me suis lancé dans l‘élevage de chevaux. Je possède le Haras de Villequoy dans les Yvelines. »

Sa boutade : « Un César d’honneur l’an dernier, une plaque donnant mon nom à une carrière aujourd’hui, tout ça, ça sent le posthume », a effectivement failli devenir réalité pour l’excellent cavalier qu’il était. En effet, quelques semaines après son passage à La Garette, sur le tournage de L’homme qui a tué Don Quichotte, l’acteur se blesse et doit se faire opérer d’urgence d’une double hernie discale, il ne montera plus jamais à cheval. En 2004, l’éleveur Jean Rochefort reçoit la médaille du Mérite agricole pour avoir été à l’origine de la première transplantation d’embryons chez la jument. Une autre carrière s’ouvrait . . .
Gilles PETIT (crédit photos : archives Conseil Départemental 79)